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IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST : MEDIC ET VIOLENCES POLICIERES

lundi, avril 22nd, 2013

Ce texte est écrit à la suite de 2 expériences médic, l’une à Montabot en juin 2012, l’autre à la ZAD en novembre 2012. Il était devenu nécessaire pour nous de décrire les violences et les blessures constatées à un poste de soins et notre ressenti. Ce ne serait pas suffisant de s’indigner des brutalités du Pouvoir qui ont toujours existé : nous avons assisté à leur montée en puissance. Ces stratégies sont dûment pensées et organisées. C’est important, à notre sens, de laisser une trace de ces évènements et qu’ils soient le point de départ de réflexions plus larges.

Nous faisions partie de l’équipe médic à Montabot lors d’un camp de résistance contre la ligne THT du 22 au 24 juin 2012. Lors d’une intervention brutale des forces de l’ordre, nous avons soigné environ 25 à 30 blessé(e)s dont 5 gravement atteint(e)s. Nous n’étions pas préparé(e)s à cette violence.

Devant les 2 petites tentes médic semblant inadaptées pour accueillir les blessés, l’équipe médic a décidé d’installer au pied levé le poste de soins dans une tente militaire prêtée par des militant(e)s de la ZAD. A peine avions-nous eu le temps d’installer le matériel médical que les premier(e)s blessé(e)s arrivaient. Parmi eux, nous avons observé les blessures les plus graves : L’intervention armée a duré 45 minutes, nous avons soigné des blessé(e)s durant 4 heures.

Notre installation était minimaliste : Nous n’avions ni chaise, ni table. Les militant(e)s étaient couché(e)s par terre sur l’herbe mouillée (il a plu sans discontinuer cette journée-là) ou sur des ballots de paille. Les blessé(e)s avaient froid, nous n’avions ni de couverture, ni matelas. Nous n’avions pas le temps de rassurer, de réconforter. Il fallait parer au plus urgent et évacuer de cette zone militarisée et violente les blessé(e)s les plus graves. Les soins se sont déroulés dans des conditions très difficiles .Il faisait sombre dans cette tente : nous n’avions que quelques lampes de poche. Il pleuvait sur les blessé(e)s : la tente était percée par endroits. Dehors, les militant(e)s attendaient sous la pluie soit pour être soigné(e)s soit pour avoir des nouvelles des blessé(e)s.

Nous avons gardé de cette journée un terrible sentiment de colère, d’impuissance et de tristesse. Nous avions conscience d’accueillir, de soigner les blessé(e)s sans pouvoir accompagner leur souffrance avec autant d’empathie que nous l’aurions voulu, dans des conditions insuffisamment humaines.

Il y avait le bruit des grenades explosant à une centaine de mètres de là, les cris des militant(e)s, les hélicos survolant le camp. En quelques instants, nous avons sombré dans un cauchemar. Tout cela reste gravé dans notre mémoire et nous avons pris conscience du manque de préparation de l’équipe médic par rapport à ce degré de violence. Il nous semble important de réfléchir à un protocole d’installation et d’intervention médicales transposables en tout lieu et toute situation.

Présents quelques jours à la ZAD novembre 2012, nous avons dans l’urgence organisé et installé un point de soins et accueilli une quarantaine de blessé(e)s jusque tard dans la nuit. D’autres lieux de soins sur la ZAD ont également accueillis ce jour-là nombre deblessé(e)s, choqué(e)s par ce qu’ils(elles) venaient de vivre, parfois déshydraté(e)s (à jeun depuis de nombreuses heures). Nous avons pu soigner les blessé(e)s et avec l’ingéniosité de nombreux bénévoles, nous avons pu proposer des boissons et des repas chauds, des vêtements secs, des chaussettes…

LES CONFLITS ARMES

LES FORCES DE POLICE

Ces affrontements, à la campagne dans les 2 cas, deviennent par l’organisation et le déploiement des forces policières de plus en plus violents. Le grand nombre de gardes mobiles présents sur place (500 à Montabot), de véhicules, d’hélicoptères, de gendarmes témoignent de la détermination de vouloir nous faire peur et en cas de besoin de nous neutraliser. Pour l’instant nous n’avons pas à déplorer de mort mais vu les méthodes employées c’est un risque possible.

Les forces de police utilisent différents types d’armes:

  • grenades lacrymogènes libérant du gaz CS d’une portée de 50, 100 ou 200 mètres tirées avec un lanceur de grenade, ou lancées à la main
  • grenades lacrymogènes à effet sonore (d’environ 165 db) d’une portée de 50, 100 ou 200 mètres tirées avec un lanceur de grenade ou lancées à la main
  • grenades de désencerclement (dispositif balistique de dispersion SAE 440 fabriquées par ALSETEX et SAPL) utilisées depuis 2004. Elles produisent une projection circulaire de 18 projectiles en caoutchouc et un choc sonore intense de plus de 150 db. Leur portée est de 40 à 120 m avec un lanceur ; les grenades peuvent aussi être lancées à la main. Il semble qu’elles projettent également des débris métalliques dont l’origine n’est pas encore bien établie.
  • des lanceurs de balles (flashball) de différents types d’une portée de 5 à 50 mètres, et utilisant comme munition des balles de défense à « létalité réduite » BDLR 80 /BDLR 130, 40 x 46 mm ou des balles de défense à « létalité atténuée » de 44 mm .

Pour plus d’informations, voir la brochure « les armements du maintien de l’ordre » sur le site zad.nadir.org ou httpps://copwatchnord-idf.info(article sur les armes de la police).

L’utilisation de grenades de désencerclement, de grenades assourdissantes, de grenades lacrymogènes, de flashballs provoque des plaies sévères témoignant d’une volonté de blesser et on peut penser que certains tirs tendus au visage et au thorax pourraient être létaux. Les gardes mobiles, en tenue de combat très protectrice, sont armés de pistolets et possèdent dans leurs camions des fusils que nous avons pu voir à Montabot. Vont-ils s’en servir un jour ?

Les grenades, en explosant, envoient de multiples projectiles en matière plastique ou métallique dans le corps. Ces projectiles entrent peu ou très profondément dans les chairs et, pour la grande majorité des cas, y resteront à VIE. En effet, il s’avère très souvent impossible d’enlever ces corps étrangers de quelques millimètres, leur repérage étant difficile et leur extraction dangereuse. Ces armes entraînent des blessures aux conséquences dramatiques (perte de la vision d’un œil, de l’audition d’une oreille…).

LES BLESSURES

Lors de notre présence sur les lieux (Montabot, ZAD) nous avons notamment soigné :

  • une personne touchée par plusieurs projectiles dont un avait causé une rupture partielle d’un nerf de l’avant-bras et d’autres projectiles avaient atteint les organes génitaux, le thorax et d’autres parties du corps. 
  • de nombreux blessés au niveau des membres inférieurs ou supérieurs avec de multiples impacts.
  • des fractures des os du visage causées par des tirs tendus de grenades.
  • des traumatismes crâniens avec plaies, des hémorragies internes de l’œil, des traumatismes du thorax avec fractures de côtes, des hémorragies pulmonaires, des traumatismes hépatiques : ces blessures ont été causées par des tirs de flashball.
  • Un médecin a soigné une personne blessée au poignet, le projectile a traversé les parties métalliques de sa montre avant de pénétrer dans sa chair. Ce qui démontre la puissance de pénétration des projectiles dont il est bien difficile de se protéger.

LES POMPIERS ET LES EVACUATIONS

Les pompiers font partie des cellules de crises des préfectures. Ils ont souvent des informations alarmistes de la part des gendarmes dans le but de les bloquer et d’empêcher leur intervention. Les gardes mobiles leur indiquent qu’il y a de gros risques de caillassages, de violences de la part des manifestant(e)s.

Les gardes mobiles ont opéré de cette manière à Montabot. Une ambulance des pompiers bloquée sur un barrage a pu passer grâce à l’intervention d’une journaliste sur place qui menaçait de faire un article sur ce blocage. Une autre ambulance a été détournée pour évacuer 2 gardes mobiles très légèrement blessés. Ils ont, par la suite, bénéficié d’une incapacité de travail d’un jour… Pendant ce temps-là, 2 militant(e)s très gravement atteint(e)s attendaient une ambulance qui n’arrivait pas et nous ne comprenions pas pourquoi. Les gardes mobiles ont photographié un blessé gravement atteint dans le véhicule des secours des pompiers sur un barrage policier proche du camp.

A Notre Dame Des Landes, les pompiers, après contact avec l’équipe médic inquiète de ne pas voir arriver l’ambulance, ont accepté de venir évacuer les blessé(e)s. Ils étaient indignés par le retard qu’avait pris l’évacuation et ont proposé des contacts directs pour la suite des évacuations. Il ne faut pas négliger ce problème car il est récurrent.

Ensuite se pose le problème de l’évacuation des blessé(e)s moins gravement atteint(e)s hors de la zone ou leur arrivée au poste de soins. La présence de véhicules et de chauffeurs s’est avérée très efficace à la ZAD. Les personnes sur les lieux, habitants plus ou moins proches et militants nous ont apporté une aide précieuse.

LE SAMU

A Montabot,dès les premiers contacts avec l’urgentiste du SAMU de Saint Lô, il s’est instauré des relations de confiance et des réponses efficaces. Il est inadmissible que l’urgentiste du SAMU n’ait pas été mis au courant du détournement des ambulances. En effet, il est responsable de l’organisation des soins d’urgence et doit être au courant de la progression des secours qu’il envoie.

A Nantes, nous avons contacté le SAMU pour organiser les soins. L’accueil a été très distant…

L’HOPITAL

Les policiers doivent avoir une commission rogatoire ou une réquisition pour avoir accès au registre des entrées, pénétrer dans la chambre d’hôpital du militant ou interroger un médecin ou un administratif.

Un administratif , un médecin réquisitionnés ne doivent répondre qu’aux questions posées sur le document écrit et ceci dans le respect du secret médical.

Il faut savoir aussi que les policiers entrent dans les chambres pour s’approprier des preuves matérielles (exemple:un pantalon avec trace d’explosif) qui pourraient se retourner contre eux en cas de procédure à l’initiative du militant(e).

Nous avons demandé des précisions concernant les textes juridiques à un avocat concernant le militant(e) à l’hôpital et dans l’ambulance des pompiers. Nous écrirons une annexe à ce texte à la réception des réponses de l’avocat.

Malgré les textes réglementaires, le service d’ophtalmologie de la clinique d’AVRANCHES a dénoncé l’identité d’un militant en téléphonant aux policiers lors du camp de Montabot.

A NDDL, unemilitanteblessée au ventre par un impact métallique a entendu dire par les soignants « ce n’est pas les gendarmes qui ont provoqué cette blessure avec un débris métallique ; vous vous êtes blessée entre militants. »

en annexe 1, extraits du bulletin du Conseil de l’ordre des médecins sur le secret médical.

STRESS POST TRAUMATIQUE

Nous avons pris conscience de l’importance du choc ou stress post-traumatique vécu par chacun qu’il soit médic, militant(e) blessé(e) ou non.

Pouvoir se réunir et reparler du vécu de chacun permet de supporter autant que possible la dureté du traumatisme. Ce stress peut apparaître rapidement, plusieurs mois ou années après l’évènement traumatisant. Chacun(e) réagit à sa façon et à son rythme. Il ne faut pas culpabiliser devant ce comportement, accepter sa fragilité , celles des autres et surtout exprimer le ressenti. On peut se sentir mal après une expérience violente, il faut l’accepter et ainsi on accélère le processus de guérison.

Lors du camp de Montabot, nous nous sommes réuni(e)s et avons pu parler ensemble. Nous avons réussi à nous exprimer sur les violences vues mais il semble que nous n’ayons pas encore véritablement parlé de nos propres traumatismes. La répression policière aura moins d’impact sur nous si notre soutien mutuel est vivant et réel. Nous devons accepter l’idée que l’on puisse avoir peur face aux violences et en parler sans tabou.

Il semble important que les blessé(e)s puissent être accueilli(e)s dans un endroit calme, entouré(e)s de personnes de confiance et qu’ils puissent s’exprimer et mettre des mots sur l’expérience traumatisante vécue. Sur le terrain, ce n’est pas toujours facile à organiser. A NDDL, nous avons essayé de créer, lors des soins , un climat aussi chaleureux que possible et d’accompagner les blessé(e)s du mieux que nous le pouvions. Il s’avère néanmoins que l’écoute dans ces moments de grande tension ne s’avère pas évidente.

Un militant sévèrement blessé nous a confié quelques mois après ses blessures, que son groupe d’amis avait accepté sa souffrance et son changement de comportement tout en lui laissant de l ‘espace pour qu’il puisse continuer à vivre dans le même cadre amical et militant .

Mais il semble que, parfois, les proches (famille, amis) ne sont pas d’une aide suffisante. Le militant est incompris surtout si la situation perdure. Nous insistons sur cet état de fait car il est primordial que nous en ayons conscience afin de ne pas laisser nos amis militants seuls face à leurs souffrances et leur solitude. Pouvoir accorder une écoute durable et laisser le temps à chacun de se reconstruire nous paraît important. Cette écoute demande une grande disponibilité . Elle reste à inventer par nous tous…

LE RAPPORT AUX MEDIAS

A Montabot, le lundi matin après le camp, nous étions scandalisé(e)s par le fait que les médias aient minimisé le nombre des militant(e)s blessé(e)s (2). Nous avons rencontré des journalistes de FR3 qui ne voulaient pas nous croire lorsqu’on leur décrivait la situation vécue la veille. Ils tenaient leurs informations de la préfecture… Ils ne nous croyaient pas, nous n’avions pas de preuves (photo, film…) Après concertation entre quelques militant(e)s, nous avons décidés d’aller à l’hôpital avec les journalistes qui voulaient voir absolument des blessé(e)s.

TÉMOIGNAGE D’UN MÉDIC A MONTABOT

«  j’ai décidé d’accompagner les journalistes à l’hôpital bien que cette démarche me fut très pénible. J’ai clairement indiqué que l’accord des militants était indispensable pour qu’ils puissent les voir. Arrivés à l’hôpital, j’ai rencontré les 2 blessés sans les journalistes. Ils ont accepté de les recevoir après une longue discussion où je leur ai expliqué notre besoin de témoigner des violences policières dans les médias.

Une personne hospitalisée a accepté de recevoir un journaliste mais a refusé les photos ; elle voulait témoigner verbalement. Le journaliste lui a répondu « s’il n’y a pas de photo, cela ne m’intéresse pas ».J’ai éprouvé de la haine envers cette machine médiatique.

Nous entrons dans la 2ème chambre où une autre personne blessée a accepté de témoigner à la condition de savoir exactement quel commentaire accompagnerait le film . Durant la réalisation du reportage, le journaliste a filmé les membres blessés durant plusieurs minutes ce qui nous a paru une éternité. Devant le voyeurisme de ce journaliste, nous avons traversé cette terrible épreuve en nous tenant la main. Encore aujourd’hui l’évocation de ce moment me bouleverse. »

Cette expérience nous a poussé à agir différemment à la ZAD .

TEMOIGNAGE DE LA ZAD

Le décompte des manifestant(e)s blessé(e)s et la description des blessures sans identification des personnes s’est avéré indispensable pour connaître le nombre des blessé(e)s sur un site de soins et l’importance des blessures. Nous avons constaté que la préfecture ne comptabilise que les blessé(e)s signalé(e)s par le SAMU. La conduite à tenir serait donc de prévenir le SAMU de toutes les blessures soignées sur place afin que ladite préfecture ne puisse les passer sous silence. De nombreux autres militant(e)s touché(e)s plus ou moins légèrement se débrouillent seul(e)s ou avec leurs ami(e)s pour quitter la zone dangereuse et se faire soigner chez eux(elles). Le nombre de victimes est donc bien en deçà du décompte que l’on peut faire à postériori.

A l’initiative d’un médecin de la ZAD une lettre est envoyée au préfet et aux députés de la région de NANTES faisant état des violences policières constatées avec un descriptif des blessures vues dans une salle médic. Ce courrier a été très relayé et a permis de faire prendre conscience de ce que nous vivons tous sur le terrain.(annexe 2)

Nous avons demandé aux militant(e)s blessé(e)s l’autorisation de prendre des photos de leurs blessures. Cette démarche nous était pénible ; mais les militant(e)s n’ont jamais refusé. Chacun était conscient de l’importance de prouver les dégâts infligés à leurs corps. Ces photos ont permis de montrer les excès des gardes mobiles.

Après les premiers soins, la tension baisse un peu et ces vautours de journalistes sont là, derrière la porte à NDDL et veulent leur quota de nouvelles bien sanglantes.

Après avoir vécu des moments de fortes tensions, on se trouve démuni face à leur hardiesse, leur indécence, leur exigence. On est tenté de tout envoyer balader. Les journalistes sont trop souvent intéressés par les détails des blessures.

Un des membres de l’ACIPA nous a demandé de témoigner de cette journée de violences. Alors on a parlé un peu, au minimum. Mais le débat de fond ne les intéressaient pas du tout. Un profond malaise nous a envahi à les voir avec leurs micros, leurs caméras tourner dans la salle, sans aucune retenue, filmer la table de pansements, un militant dévêtu dévoilant ses blessures. Ils se sont poussés les uns les autres pour avoir la meilleure prise : des chiens autour d’un os. Ils étaient en chasse : le sensationnel … ils passaient à côté de ce qui nous animait dans cette lutte. Comment agir pour qu’un minimum de notre message passe ? Nous étions fatigués devant cette horde. Après cette 2ème expérience pénible, nous avons pris la décision de filmer les journalistes qui nous interrogeront.

Les journalistes ont horreur d’être filmés...

Alors il nous reste à réfléchir à une communication sur le fond en prenant notre temps…peut être qu’un texte préparé avec l’aide de l’auto média pourrait être présenté lors d’une conférence de presse aux journalistes.

Nous devons être en mesure de porter secours à nos amis de lutte du mieux que nous pouvons. Que ce texte serve de point de départ à une réflexion plus large sur :

  • comment s‘organiser sur le terrain pour pouvoir être opérationnel le plus rapidement possible dès les violences connues
  • pouvoir accompagner le militant blessé à l’hôpital où, pour le moment il était livré à lui-même
  • comment protéger juridiquement les blessés ?
  • Comment partager nos expériences ?
  • Comment accepter nos limites physiques, psychologiques et comment y remédier ensembleIl nous semble indispensable d’ essayer de mettre sur pied une organisation de base transposable vu l’organisation et la détermination dont font preuve les forces de police.

Annexe 1

Extraits du bulletin de l’Ordre des Médecins

« L’article 4 du code de déontologie médicale pose le principe du secret et en définit le contenu. Le secret n’est pas opposable au patient et s’impose à tout médecin dans conditions établies par la loi. En ces temps où la communication fait loi, il est bon de rappeler que le respect du secret est la base de l’exercice médical. L’article du code de déontologie médicale pose le principe du secret et en définit le contenu. « Le secret professionnel, institué dans l’intérêt des patients, s’impose à tout médecin dans les conditions établies par la loi. Le secret couvre tout ce qui est venu à la connaissance du médecin dans l’exercice de sa profession, c’est-à-dire non seulement ce qui lui a été confié, mais aussi ce qu’il a vu, entendu ou compris». Le secret professionnel du médecin ou secret médical est à la fois d’intérêt privé et d’intérêt général.

D’intérêt privé: le médecin doit garantir le secret à la personne qui se confie à lui. Celle-ci doit être assurée de ne pas être trahie. Sa confiance doit être sans faille, si elle a donné une information intime utile au médecin et aux soins.

D’intérêt public : l’intérêt général veut que chacun puisse être convenablement soigné et ait la garantie de pouvoir se confier à un médecin, quelle que soit sa situation, pour bénéficier de soins, sans craindre d’être trahi ou dénoncé.

L’article L1110-4 du code de la santé publique donne une définition large du secret : il couvre l’ensemble des informations sur la personne venues à la connaissance du médecin, non seulement en ce qui concerne son état de santé mais aussi son identité, ce qu’il a confié ou ce que le médecin a compris à son propos.

L’alinéa 3 précise la notion de secret partagé et en fixe les limites. La règle est que le partage n’intervient qu’entre professionnels de santé , pour la prise en charge et la continuité des soins et sauf opposition de la personne dûment avertie. Elle connaît deux variantes, l’une concernant les établissements de santé, l’autre concernant les maisons et les centres de santé dont les professionnels y exerçant ont adhéré au projet de santé mentionné aux articles L 6323-1 et L 6323-3. Dans les établissements de santé, le consentement du patient au partage des données le concernant, par l’équipe le prenant en charge est présumé acquis. Dans les maisons ou centres de santé les informations sont réputées confiées par le patient aux autres professionnels de santé de la structure le prenant en charge, sous réserve de son consentement express et de l’adhésion des professionnels au projet de santé de la structure. La personne dûment informée peut refuser à tout moment que soit communiqué les informations la concernant à un ou plusieurs professionnels de santé. Celui qui trahit le secret mais aussi celui qui obtient ou tente d’obtenir des renseignements en violation de la loi s’expose à une amende de 15 000 € et une peine d’un an d’emprisonnement.

Ainsi le secret médical ne se partage, avec l’accord du patient, qu’entre professionnels de santé participant aux soins du patient et à proportion de ce qui est nécessaire à chacun d’eux pour accomplir sa mission.

En revanche, les assistantes sociales n’ont pas la qualité de professionnel de santé et ne participent pas à la continuité des soins. Elles ne peuvent donc pas avoir accès aux informations médicales concernant les patients pris en charge.

Le secret s’impose pour tout ce que le médecin a pu voir, entendre, comprendre ou deviner. On attend du médecin une discrétion totale (même sur ce qu’il peut avoir appris en dehors des soins). Il n’y a donc pas de différence entre le « renseignement administratif » ‘nom…) et médical (diagnostic…) entre la confidence et le renseignement « anodin ». Il serait faux de croire que le médecin peut partager les informations qu’il détient avec une personne elle-même tenue au secret professionnel dans les termes de l’article 226-13 du code pénal. Le secret médical est le secret professionnel du médecin. Même entre médecins, le secret ne se partage pas dès lors qu’ils ne participent pas à la prise en charge du même patient.

La cour de cassation et le conseil d’état ont reconnu le caractère général et absolu du secret médical. La jurisprudence a ainsi admis que :

– le patient ne peut délié le médecin de son obligation au secret ;

– cette obligation ne cesse pas après le décès du patient ;

– le secret s’impose même devant un juge ;

– le secret s’impose à l’égard d’autres médecins dès lors qu’ils ne concourent pas à la prise en charge ;

– le secret s’impose à l’égard de personnes elles-mêmes tenues au secret professionnel ;

le secret couvre non seulement l’état de santé du patient mais également son nom : le médecin ne peut faire connaître à des tiers le nom des personnes qui ont eu recours à ses services.

Il ne peut donc être dérogé au secret médical que par la loi.

Un praticien n’a pas à dévoiler à des tiers l’identité des personnes qu’il a soignées. Si les services agissent sur simple réquisition, le médecin n’a pas à répondre. S’ils agissent dans le cadre d’une saisie judiciaire, le médecin devra fournir les informations exigées par l’enquête, et uniquement celles-là. Dans ce cas, un magistrat instructeur ou un officier de police judiciaire, sur commission rogatoire et en présence d’un membre du conseil de l’ordre, peut perquisitionner le cabinet du médecin. En dehors de cette procédure de saisie, le médecin ne doit remettre aucun document à des tiers.

Selon l’article R.1112-45 du code de la santé publique, les personnes hospitalisées peuvent demander à ce qu’aucune indication ne soit donnée sur leur présence dans l’établissement ou sur leur état de santé, à l’exception des mineurs soumis à l’autorité parentale. On ne devrait donc pas par téléphone, confirmer la présence de tel patient dans l’établissement, y compris si le patient a été admis en urgence. Selon l’article L1110-4 du code de la santé publique, ce secret n’est pas limité au strict domaine médical, mais toutes les informations concernant la personne venues à la connaissance du professionnel (y compris, donc son horaire d’admission dans l’établissement), le secret médical est opposable aux tiers, mais aussi à l’établissement, uniquement dans 2 circonstances : l’accouchement sous X et l’admission d’un toxicomane. Cependant, il convient de préciser que les autorités peuvent accéder au registre des admissions en présence du directeur de l’établissement ou de son représentant.

Il convient de rappeler les dispositions de l’article L 6113-7 avant dernier alinéa du code de la santé publique selon lesquelles : « le praticien responsable de l’information médicale est un médecin désigné par le directeur d’un établissement public de santé ou l’organe délibérant d’un établissement de santé privé s’il existe, après avis de la commission médicale ou de la conférence médicale. Pour ce qui concerne les établissements publics de santé, les conditions de cette désignation et les modes d’organisation de la fonction d’information médicale sont fixés par décret. »

l’article R.6113-5 du code de la santé publique précise que : « les médecins chargés de la collecte des données médicales nominatives ou du traitement des fichiers comportant de telles données sont soumis à l’obligation de secret dont la méconnaissance est punie conformément aux articles 226-13 et 226-14 du code pénal.

Il en est de même des personnels placés ou détachés auprès de ces médecins et qui travaillent à l’exploitation de données nominatives sous leur autorité, ainsi que des personnels intervenant sur le matériel et les logiciels utilisés pour le recueil et le traitement des données. »

Quatre procès de la lutte antiTHT convoqués devant les tribunaux les 21 et 22 mars 2013

dimanche, mars 24th, 2013
La répression de la lutte antinucléaire dans la région avait convoqué pas moins de 6 procès sur une seule semaine. Après un début de semaine plutôt favorable pour les appels des condamnations à un mois de prison avec sursis suite aux actions du 23 novembre 2011 du côté de Valognes, quatre procès faisaient suite à des actions contre la construction de la ligne THT Cotentin-Maine. 

Deux de ces procès ont fait l’objet de renvoi.
Deux nouvelles dates à mettre à nos agendas :

Le 31 mai 2013, sera jugé à la cour d’appel de Caen, le procès en appel du militant condamné le 6 août 2012 par le tribunal de Coutances à 3 mois d’emprisonnement pour avoir participé à l’action du 24 juin 2012 lors du camp de Montabot. Ce même jour au même endroit aura lieu un des procès en appel de l’action du 23 novembre 2011 du côté de Valognes pour un copain relaxé quant à l’intrusion sur les voies et un fumigène soi-disant brandi mais condamné à un mois d’emprisonnement avec sursis pour avoir refuser le prélèvement de son ADN.

Le 11 juillet 2013, seront jugé-e-s à Laval les 5 militant-e-s poursuivi-e-s pour avoir volontairement dégradé un pylone de la ligne THT Cotentin Maine, et pour avoir particité sciemment au groupement que constituait selon le parquet de Laval l’action du 28 avril 2012 à Saint Cyr le Gravelais (antitht.noblogs.org/708).

Deux autres affaires ont été jugées le 22 mars 2013 :

antirep2013mar22Pour le procès en appel du déboulonnage d’un pylône en construction le 18 mars 2012 à Saint Martin d’Aubigny, le délibéré sera prononcé par la cour d’appel de Caen le 17 mai 2013.

Pendant ce temps-là, le tribunal de Laval nous apprenait que le copain de Beaulieu sur Oudon détenait le seul véhicule dont les feux stop s’allument quant il accélère tout en ne retenant plus ce véhicule comme objet du délit de violence. Pas de violence avec arme donc, mais violence tout de même sur personne dépositaire de l’autorité publique, avec une condamnation à 500 € d’amende assortie du sursis, auxquels s’ajoutent 300 € à verser en dédommagement à la gendarme et 837 € pour les honoraires de son avocat.

antirep-tht@riseup.net

22 MARS 2013 : A Laval comme à Caen, tou-te-s solidaires des militants antiTHT poursuivis.

vendredi, mars 15th, 2013

Cette journée de procès du 22 mars 2013 est symptomatique de l’étendue de la lutte contre la construction de la ligne THT Cotentin-Maine. Cette autoroute de l’électricité nécessaire pour éviter les bouchons à la sortie de la production centralisée dans le Nord-Cotentin, existante (centrale de Flamanville) et à venir (EPR, hydroliennes, etc).
Du déboulonnage de Saint Martin d’Aubigny (50) par Marais sous Tension, à 4 km du départ de la ligne, à Beaulieu sur Oudon (53) où est arrêté à son domicile un militant de Mayenne Survolté, 160 kilomètres de lignes THT séparent et relient tout à la fois les deux affaires en procès ce matin du 22 mars 2013.

Les kilomètres n’arrêteront pas la solidarité !
Deux rassemblements :

LAVAL, devant le Tribunal, place Saint Tugal à 8h30
CAEN, devant la Cour d’appel, place Gambetta à 8h

Il avait déjà fallu 6 jours pour que les forces du désordre préparent l’assaut du domicile du dangereux militant de Mayenne Survolté, il aura fallu près de 6 mois pour que ces mêmes forces versent au dossier la vidéo qui, soi-disant, incriminerait ledit militant. Sur la commune de Saint Pierre des Landes, le 4 juillet 2012, celui-ci était venu constater l’entame frauduleuse d’un chantier de construction de la ligne THT par RTE et leurs sbires, eux-mêmes protégés par des gendarmes obstruant la voie publique d’accès au lieu dit où se déroulait le chantier. Une fois les dégats constatés par un petit groupe de militant-e-s de Mayenne Survolté et de riverain-e-s, en se rendant à pied sur place, notre ami était revenu auprès du lieu de blocage gendarmesque déplacer sa voiture, de peur de récupérer une contravention.
Faute du versement de la vidéo incriminante au dossier, et bien que poursuivi pour violence avec armes (son véhicule), il n’avait pas pu être jugé en novembre 2012.

Ce sera normalement possible ce 22 mars 2013 à LAVAL avec une vidéo montrant un véhicule faisant une manoeuvre pour se garer.

A l’autre bout de la ligne en construction, Marais sous Tension entreprenait le 18 mars 2012 de déboulonner un pylône en construction afin de faire respecter un arrêté municipal de la commune de Saint Martin d’Aubigny auquel contrevenait la construction dudit pylône. Fort de sa déclaration d’utilité publique, oubliant que celle-ci n’autorise rien sinon qu’elle permet de demander des dérogations à l’application de lois de protection de l’environnement, RTE, avec son bras armé préfectoral, répliquait en faisant arrêter un des 8 déboulonneurs en action ce jour-là. L’opportunité des poursuites étant ce qu’elle est, il sera prétendu que le prévenu était le seul des huit à avoir une clé à molette dans les mains. Il est d’ailleurs bien connu dans le marais cotentin, que les habitant-e-s du coin boulonnent et déboulonnent de l’écrou de 46mm avec les dents. Jugé le 19 juin 2013 à Coutances, il avait été condamné à 2 000 € d’amende dont 1 000 avec sursis et à payer 3 300 € de dommages et intérêt à RTE, dont 2 500 pour quelques boulons à revisser : “cela fait cher du boulon !”.

C’est l’appel de cette condamnation qui sera jugé ce 22 mars 2013 à CAEN

antirep2013mar22

11 juillet 2013 : l’Etat fait jouer sa justice face à l’opposition au nucléaire et à la THT

dimanche, février 24th, 2013

RASSEMBLEMENT DE SOLIDARITE
DEVANT LE TGI DE LAVAL
12 H, PLACE SAINT TUGAL

Presque vingt-six ans jour pour jour après le désastre de Tchernobyl, une petite centaine de personnes est venue s’attaquer, le 28 avril 2012, à un tentacule du nucléaire dans la région, un pylône de la ligne à très haute tension Cotentin-Maine.

Neuf mois après, cinq personnes sont sommées de se présenter à la gendarmerie de leur domicile (Rennes, Plélan-le-Grand, Coutances, Paris, Le Mans). Mis-e-s en garde à vue pour vingt-quatre heures renouvelables, mais finalement relâché-e-s dans la journée, nous sommes poursuivi-e-s pour dégradations en réunion sur un bien d’utilité publique et refus de donner notre ADN. Pour défendre une industrie qu’il ne voudrait voir souffrir d’aucune critique, l’État fait jouer son arsenal judiciaro-policier. Nous nous retrouvons sur le banc des accusé-e-s ainsi que d’autres, concerné-e-s tant par l’opposition à la THT que par les blocages de trains de déchets nucléaires (Valognes et Caen). On aurait pourtant tendance à penser, deux ans après la catastrophe en cours de Fukushima, que c’est l’industrie nucléaire dans son ensemble qui est condamnable par son inconséquence – des dégâts incommensurables occasionnés par les mines d’uranium et par son enrichissement à ceux de la ligne THT, en passant par l’exploitation erratique des centrales, les tares du retraitement et la longue aventure du stockage des déchets…

L’action menée ce jour-là paraît bien dérisoire, mais hautement symbolique, à côté de tous les maux qu’ont entraînés, qu’entraînent et qu’entraîneront l’industrie nucléaire et ses lignes à très haute tension.

Faute d’avoir reçu le dossier de notre affaire dans un délai suffisant pour pouvoir préparer une bonne défense, l’audience initialement prévue au 21 mars 2013 a été reportée au jeudi 11 juillet à 14h00 au Tribunal de grand instance de Laval, 13 place Saint Tugal.

 

Fond de soutien : chèque à l’ordre de l’APSAJ – Association pour la solidarité etl’aide juridique, APSAJ, 6, cours des alliés, 35000 Rennes.

RIB : 42559 00055 41020014732 07

IBAN : FR76 4255 9000 5541 0200 1473 207 / BIC : CCOPFRPPXXX

 

Les prévenu-e-s du 21 mars

antirep-tht@riseup.net

Appel à rejoindre une occupation anti-THT au Chefresne (50)

lundi, février 18th, 2013

PS : l’occupation a été expulsée et les travaux ont repris avec la résistance qui a pu être mise en place en fonction des personnes présentes…

Nouveau RDV pour nous rejoindre le 19 février à partir de 7h sur place – contact tél : 06 28 94 72 13

NordChefresneMares

Ce matin du 18 février 2013, depuis l’aube, deux parcelles agricoles du Chefresne (50), au lieu dit Les Mares, sont occupées.

Ces deux parcelles sont gâchées par la présence de deux pylônes érigés en toute illégalité (ainsi en a jugé le tribunal de Coutances qui, de ce fait, a interdit l’accès aux parcelles à RTE par ordonnance du 13 septembre 2012).

Ce 18 février 2013, RTE a donc confirmé vouloir commencer immédiatement les travaux. A l’annonce de leur venue prétendument légale, il a été répondu : « je ne crois pas, non. »

Outre le bon droit des agriculteurs Yves LARSONNEUR et Sylvie HUBERT, il s’agit de poursuivre la résistance à la construction de la ligne THT Cotentin- Maine, et plus largement de poursuivre la résistance aux lignes THT, au nucléaire et au monde qui va avec.

Qu’il soit bien entendu que la Zone à défendre est bien le terrain que nous occupons et non les pylônes qui s’y trouvent.

Une fois sur place, veiller à ce que les véhicules soient bien garés. Si vous venez pour plusieurs jours, soyez le plus possible autonomes pour le couchage (tente duvet, etc). Pour l’instant, il fait beau : mais ça gèle la nuit.

Merci de nous signaler toute activité gendarmesque inhabituelle aux alentours (Saint Lô, Villedieu, etc) au tél sur place : 06 28 94 72 13.

Des occupant-e-s de la ZAD des Mares.
(pylones at riseup.net)

B(L)OCAGE : ZAD Partout, THT, TGV Nulle Part

vendredi, février 8th, 2013

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Un refus, un “NON” ou un “Stop !” adressé à un “Grand Projet Inutile”. Une volonté de se réapproprier sa vie, de ne plus vivre selon les codes et les normes de société industrielle de consommation. Des cabanes construites dans les arbres. Une pluie battante, qui tombe parfois sans s’arrêter plusieurs jours de suite. De la boue jusqu’aux genoux à n’en plus finir. Des bottes qu’on est content d’enlever à la fin de la journée et, qui en dégageant un délicieux parfum, mettent des jours à sécher. Des nuits froides où l’on se couvre de multiples couvertures pour rester au chaud. Des frontales qui s’activent dans la nuit, autour des machines affrétées par une grande entreprise. Des réveils difficiles parce qu’il faut se sortir de son cocon chaud pour aller bloquer les travaux d’un début de chantier, ou des mairies pendant une enquête publique. Des rassemblements publics de soutien, et des discussions interminables sur “les bilans de la lutte et ses perspectives”, sur la “violence”, sur “les médias”. Une existence qui apprend à faire avec une omniprésence gendarmesque dans nos espaces de vie. Une profonde désillusion sur la “démocratie”, sur la “république”, sur cette “France, État de droit, et patrie des droits de l’homme”. Une rage grandissante contre un système qui impose à coups de matraque, de lacrymos, de grenades, les intérêts capitalistes de grandes entreprises. Une colère face à leur violence, celle qui feint d’écouter, celle qui mutile, celle qui convoque et condamne ceux que l’on aime… Une conviction : notre lutte a dépassé son cadre “local”. Une hypothèse : notre organisation horizontale peut nous emmener jusqu’à la victoire. . Une question, que sont nos victoires ? Qu’est ce que c’est LA victoire ? Une certitude, nous ne serons plus jamais les mêmes…Où suis-je ?

La ZAD de Notre-Dame-des-Landes ? Oui… mais pas que… Ce tableau peut pour beaucoup, paraître être restreint à celui de la “Zone A Défendre”, celui de la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, largement médiatisé, et qui a de loin touché le plus de monde. Pour autant, il est déroutant de constater que cette description peut coller à de nombreuses luttes passées, présentes, ou à venir. Il ne s’agira pas ici de faire un état des lieux de tous ces combats, mais plus de se concentrer sur les rapports de deux luttes “bocagères” qui ont eu et ont toujours lieu aujourd’hui. Celle de NDdL, et celle, contre la construction de la THT Cotentin-Maine.

ski-pylone2Aujourd’hui, nous luttons contre la même logique d’asservissement des territoires qui vise à rendre nos espaces attractifs, aménagés pour l’économie marchande, et quadrillés pour le contrôle de l’ordre établi. Chaque zone, chaque espace, chaque personne doit avoir un rôle ou une fonction au service des métropoles. Dans un souci d’entretenir une façade “démocratique”, ces projets sont systématiquement imposés selon le même protocole : débats publics, enquête publique, déclaration d’utilité publique, mesures de compensation et de rachat, pression financières de corruption sous forme de subventions… D’un bout à l’autre du bocage, ce qu’ils cherchent c’est d’abord acheter le silence, celui des mairies, des conseils départementaux, régionaux… mais aussi et surtout celui des individus, des associations et des riverains.
Face à ces procédés, ce n’est ni le silence, ni la résignation, mais bien la résistance qui a été notre premier instinct. Un refus adressé à ce système, à ce “monde du progrès” dans lequel on hésite pas à supprimer les aides sociales ainsi que des postes dans l’enseignement et la médecine au profit de l’armement des forces de l’ordre, et d’une invasion colonialiste pour par exemple, s’assurer une mainmise sur des gisements d’uranium. De là, notre opposition est devenue une lutte, un combat de tous les jours pour la réinvention perpétuelle de nos existences, bien en dehors de ce système là. Notre lutte, s’est organisée, en associations, collectifs ou assemblées horizontales. Le “subir” a été enterré au profit de “l’agir”. Manifestations, rassemblements, réunions d’information, recours juridiques, mais aussi grève de la faim, actions publique d’interférences, blocages, barricades et sabotages sont devenus nos armes. Et les différences de ces modes d’action nous ont apporté une diversité qui n’a fait que nous enrichir.

Cependant, une partie du commun de nos luttes c’est aussi la répression. Celle exercée par l’État, qui à coups de surveillance, de convocations, de condamnations, de matraques, de gaz et de grenades, a tenté de nous faire taire. Nous savons aujourd’hui, en Loire-Atlantique, en Manche et en Mayenne, ce que c’est la “vie en zone occupée, en zone militarisée”. Nous avons pu faire l’expérience d’une stigmatisation de nos luttes qui cherche à nous diviser entre opposant-e-s.
Pour autant, cette offensive n’a pas réussit à ébranler nos solidarités, ni à diminuer notre détermination. Pour ceux-elles de la THT, ce ne sont pas les multiples garde à vue, condamnations, blessures et mutilations, pas plus que la coupe du bois ou la construction des derniers pylônes de la ligne qui ne signent la fin de la lutte. Pour ceux de la ZAD, l’opération d’expulsion “César” menée par les forces de l’ordre n’a été que l’étincelle d’un mouvement très large de résistance qui ne fait que grandir chaque fois qu’un lieu de vie est menacé d’expulsion.
Aujourd’hui, ce que nous souhaitons, c’est partager ce commun de lutte. Le partager pour nous enrichir mutuellement encore plus. Pour que ce partage devienne une force. Pour que le “Contre l’aéroport et son monde” et “le Contre le Nucléaire et son monde” deviennent une seule et même expression. Parce que la convergence de nos luttes doit pour nous devenir plus qu’une écriture de textes.
De ce fait, à l’heure où l’abandon du projet d’aéroport paraît plus que probable, où un nouveau lieu permanent se crée dans la Manche pour continuer le combat contre le Nucléaire, la question des victoires semble se poser. Alors que les rencontres, les amitiés et les solidarités que nous avons pu tisser apparaissent comme un butin qu’ILS ne nous reprendrons jamais, pouvons-nous espérer arracher encore plus ? Qu’est-ce qu’un abandon du projet d’aéroport signifierait pour toutes les autres luttes dites locales ? Comment constituer une réelle plateforme de lutte commune dans les bocages ? Comment généraliser nos combats jusque dans les périphéries bétonnées de la métropole ?

Venez en discuter avec nous les 9-10 mars 2013 sur la ZAD.

Programme :

samedi midi : pique-nique auberge espagnole. RDV 12H30 à la Chat-Teigne
Samedi après-midi : discussion sur l’historique et la convergence entre la lutte anti-THT et la lutte à NDDL, 14h à la Chateigne
Samedi soir : projection du film “THT, Remballe ton Elek” + concert
Dimanche : randonnée publique et pique-nique sous les pylônes de la ZAD. RDV 11h aux Rosierspieddepage

Une randonnée déboulonnante du côté du Morbihan

mardi, janvier 29th, 2013

Il semblerait que des lucioles aient butiné quelques pylônes en Est-Morbihan suite à l’appel à actions décentralisées. Voici le petit poème féérique que nous avons retrouvé :

Déboulonnons, déboulonnons,bunny
En revenant de la ZAD
De Vannes à Redon *

Un petit boulon par ci
Qui a la clef de 46 ?
Et si on en prenait plus par là ?
Et pourquoi pas vingt-trois ?

Mais que faire de notre récolte ?
C’est que ça ne pousse pas guère.
Il seront bien gardé à la cohorte
Celle qui stationne pas loin de Guer.

Nous avons été atteint en plein coeur par l’appel de nos amis du Chefresne** et d’ailleurs. Pas question d’abandonner ces pylônes à leurs basses oeuvres.

Alors déboulonnons, scions, sabotons ces symboles d’un monde dont nous ne voulons pas.

Des bouleaux n’heureux.

* Bon ben en fait, c’était de Redon à Vannes mais ça rime moins bien.
** Appel sur http://antitht.noblogs.org/618

 

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Scie-lodarité avec la lutte anti-THT

mercredi, janvier 23rd, 2013

L’appel à action décentralisée a fait réagir jusque dans l’est de la France. Nous avons en effet reçu le mail ci-dessous d’antinucléaires de la Meuse qui ont l’ai d’avoir été inspiré par l’illustration de l’appel :

L'appel à actions décentralisées (http://antitht.noblogs.org/497) de l'assemblée anti-THT et anti-
nucléaire du Chefresne (Manche/Cotentin) a été entendu.

Aussi, dès l'annonce du bucheronnage d'arbres au bois (http://antitht.noblogs.org/618) auparavant 
occupé, nous nous sommes apprêté-e-s.

C'est par le biais de la scie à métaux que nous avons souhaité exprimé notre solidarité avec 
la lutte antinucléaire du Cotentin. 
C'est à une ligne THT, comme nos ami-e-s de l'ouest, que nous nous sommes attaqué-e-s ici, dans l'est.

Ainsi, nous avons mis à mal un de ces pantins métalliques reliant la centrale nucléaire de Fessenheim
à la région parisienne en passant par Nogent-sur-Seine.

"Lequel ?" nous direz-vous. A RTE de découvrir LESquelS (avant qu'ils ne tombent) !

Mettront-ils un jour un flic sous chaque pylône comme dans certains lieu du Cotentin ?  
scie
Scie-lodarité !

Des antinucléairEs
 du 55.