Infotour antitht – Carnet de voyage – Semaine 1

Florilège de récits, images, réflexions, reccueillis au fil des rencontres, de Toulouse à Avignon

 

Un infotour pour quoi faire ? En partant pour ce voyage de trois semaines, l’objectif pour nous était de raconter la lutte contre la ligne THT Cotentin-Maine, mais aussi de partir de cette lutte pour rencontrer les personnes actuellement en lutte contre divers projets pour partager des expériences, et créer des liens. Si les projets contre lesquels nous nous battons prennent des formes différentes (LGV, éolien industriel, THT, nucléaire, autoroute, gentrification etc.) ils répondent tous à une même logique de marchandisation des espaces, des ressources, de contrôle et de dépossession de nos vies. C’est pourquoi il nous tient à coeur ici de parler des luttes et des lieux que nous avons traversés durant cette première semaine.

 

Sur la longue route qui nous mène de Bretagne en Haute-Garonne, nous nous attardons aux alentours de Casteljaloux.

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Centrale photovoltaïque de Casteljaloux

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Dans la forêt de Soméjean, on dit ce qu’on a à dire sur le projet de LGV Bordeaux-Toulouse

Ici aussi le progrès et les énergies renouvelables industrielles s’imposent aux habitant.e.s.

 

Toulouse

DSCF3765_toulouse.cleaned  A Toulouse, nous voilà débarqué.e.s dans une chapelle squattée depuis 20 ans  où on discutera des luttes en cours localement ou ailleurs.

« La chapelle est habitée par le désir que se côtoient les différences. Tant de projets ont vu le jour en ces murs que l’on finit par oublier l’inconfort, l’aléatoire et la précarité de cette occupation, toujours illégale.
Depuis 1993, ce lieu d’expérimentation sociétale, politique et culturelle interroge le monde tel qu’il ne va pas. Avec les seules ressources de l’imaginaire et de l’énergie de ses membres utopistes, tous bénévoles, la chapelle défend la poésie contre la marchandise, une ville à vivre et non à consommer. »

Dans le coin, quelques projets retiennent l’attention des gentes présentes : la rénovation du quartier Bonnefoy près de la gare et la volonté municipale d’en faire la même immondice gentrifiée que dans toutes les métropoles dignes de ce nom, et la LGV Bordeaux-Toulouse qui permettra de relier cette toute propre et toute lisse nouvelle gare à toutes ses jumelles réparties sur le territoire…

Au cours de l’année 2012, des personnes organisent des repas de quartier pour tenter de faire se rencontrer les gens concerné.e.s par la destruction de ce dernier quartier populaire toulousain, et malgré la difficulté à rassembler, la volonté de mobiliser contre ce projet reste intacte.

http://www.atelierideal.lautre.net/

 

St Affrique

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« C’est fou de ressentir cette énergie, la même que celle que j’ai ressentie au début de l’occupation du bois du Chefresne. Plein d’envies de se retouver pour lutter ensemble contre la construction d’un nouveau transformateur d’environ 5 hectares et contre l’installation d’un ou plusieurs parcs éoliens. Plein de personnes différentes qui ont l’envie de faire des choses ensemble, de tisser des liens solides et de se renforcer. Ces envies ne sont pas seulement centrées sur le projet de transfo et d’éolien mais aussi parce que les consciences s’élèvent sur l’impact de ces projets et si ces projets aboutissent, c’est un engrenage sur l’élargissement de ces infrastructures… Nouvelle THT et ou réaménagement de l’existante en la doublant en 2 x 400.000. L’éolien industriel relié au nucléaire et alimenté par THT lorsqu’il n’y a pas assez de vent ou quand il y a trop de vent l’énergie de l’éolien alimente les THT. L’envie de partager beaucoup de choses, d’apporter et de donner de l’énergie pour ce qui d’après plusieurs personnes va devenir une lutte ici et partout. Ce qu’il y a en vue ici c’est l’expropriation, la pression, répression et l’achat des consciences pour aboutir à leurs projets. La division comme on le sait « diviser pour mieux régner », division entre les « locaux » habitants de ces terres dont personne n’est réellement propriétaire puisque à n’importe quel moment les grandes entreprises ou multinationales peuvent décider de tout pourrir pour se remplir les poches. »

DSCF3770_staffrique_p.cleaned« Même si on ne lutte pas pour défendre les paysages, ici en Aveyron, on est d’abord tou.te.s enchanté.e.s par ce petit coin de montagnes avec ses fermes chéper, des morceaux de forêts et des grandes prairies. Mais c’est avant tout la détermination des habitant.e.s du coin à ne pas se laisser dicter leurs vies par des aménageurs de tout poil qui nous donneront grave de patate. Ici RTE voit les choses en grand, afin de renforcer le maillage européen du réseau. C’est la construction d’un nouveau transformateur qui est envisagée, ainsi que l’installation de plusieurs centaines d’éoliennes (vous nous excuserez du peu).
Une fois de plus, la logique est la même : une segmentation du territoire visant à « utiliser au mieux » les ressources naturelles disponibles pour produire, transporter et alimenter en énergie la France, l’Europe en élec : ici la ressource c’est le vent, ailleurs le soleil, tandis qu’on dispatche du nucléaire dans d’autres endroits. Les THT relieront tout ça sur des milliers de kilomètres afin de construire ce fameux réseau intelligent dont rêvent les nucléocrates et capitalistes de tout bord. Pourtant ici il semblerait que ce ne sera pas sans encombres qu’illes viendront aménager et gérer les vies. La détermination à se battre pour garder la possibilité de choisir comment collectivement les habitant.e.s de ce territoire orienteront leur vie semble bien plus implacable que l’ignoble logique capitaliste.
En tout cas, RTE, du Chefresne à Saint Affrique, fais gaffe à tes pylônes ! Qu’ils soient justifiés par la construction d’éoliennes, d’EPR ou de ce que tu veux, notre volonté d’empêcher la construction de votre monde aseptisé, électrifié et « intelligent » est, elle, indéboulonnable. »

http://www.radiosaintaffrique.com/emissions/tensions-parasites-courants-vagabonds/Emission_du_25_mai-861

 

Montpellier

Nous voilà reparti-e-s sur la route, dans notre voiture qui déborde tellement qu’on en oublie un sac de brochures, qui finira par prendre le bus pour nous retrouver le lendemain à Montpellier… C’est à la librairie Scrupules, dans le quartier Figuerolles que nous passons la soirée. Ici plusieurs thèmes sont sujets à débat, notamment celui de la remunicipalisation de l’eau qui divise pas mal les personnes présentes. Certain.e.s soulignent en effet que cette question portée par les socialistes à la tête de la mairie de Montpellier, ne remet en aucun cas en cause la manière dont on utilise l’eau dans cette région où la question est sensible.

http://www.alternatives34.ouvaton.org/scrupule:accueil

 

Marseille

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BTP quand tu nous tiens

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Marseille, l’art de vivre en capitale…

 

 

 

 

 

 

 

Nous arrivons à Marseille en traversant des chantiers géants. Vinci et consort ont l’air d’avoir trouvé ici un terrain de jeu idéal.

 

Nous sommes invité.e.s à Mille babords où nous causons débat public sur Bure, Astrid et transmutation.
Malgré la difficulté à mobiliser sur la question du nucléaire dans cette région dont l’économie y est fortement liée, l’appel à saboter les sessions du débat public sur la poubelle nucléaire de Bure n’est pas tombée dans les oreilles de sourd.e.s. Comme Cigéo s’invite à Marcoule le 19 septembre, le mot passe pour aller faire un petit concert improvisé. Il est cependant possible que les séances publiques soient annulées pour être tenues uniquement sur internet, comme cela avait été le cas sur le débat public sur les nanotechnologies.
D’autre part, les personnes présentes expriment leurs inquiétudes au sujet du projet de réacteur dit de « 4e génération » Astrid qui suit son cours ; et d’une autre folie : la transmutation. L’idée, c’est de rassembler les 150.000 tonnes d’acier issus du démantèlement de l’usine d’enrichissement de l’uranium Georges Besse 1, de les « rincer » à l’aide d’une solution riche en chlorure de chlore pour récupérer «la quasi-totalité de l’uranium déposé et de permettre le recyclage du métal dans des filières nucléaires». Ou éventuellement en sous-couches routières…

 

DSCF3834.cleanedOn arrête pas le progrès, le bétonnage non plus. Et ici c’est loin d’être le mistral qui rend le plus fou, c’est plutôt le désert urbanistique et industriel qui engloutit cette ville. C’est par exemple ici qu’on découvre le concept de vidéoverbalisation, qui permet par le biais de caméras de verbaliser à distance les infractions au code de la route, sans intervention de flics dans la rue. Orwell ne l’avait pas imaginée, les technocrates d’aujourd’hui l’ont inventée.

 

 http://www.millebabords.org/

 

Avignon

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Nous quittons Marseille la turbulente et reprenons la route pour rejoindre une occupation contre une nouvelle autoroute, dans la ceinture verte d’Avignon.

La LÉO, pour Liaison Est-Ouest, viendra, dans l’imagination des aménageur.euses, accompagner la ligne THT et la ligne TGV déjà présentes aux abords de cette ceinture verte où cohabitent de jolies maisons en pierre, des petites zones maraîchères, des vergers, de petits bois.

Après le chantier du TGV en 1995, qui avait été combattu autant sur le terrain juridique que par le biais d’actions directes, la résignation gagne. La plupart des habitant.e.s, propriétaires et locataires, ne semblent pas reprendre le chemin de la résistance. Le prix des terres ici est très élevée, et les propriétaires semblent prêt.e.s à accepter sans broncher l’argent qu’on leur proposera pour aller s’installer un peu plus loin, à Nice ou à Cannes. Illes sont en pleines négociations avec l’état, qui veut clore les rachats avant octobre 2013 pour pouvoir lancer les travaux de la deuxième tranche en 2014.
Seul.e.s quelques locataires pour l’instant passent souvent à la maison de la lutte contre la LÉO, pour discuter, apporter des graines, des bidons d’eau. Cette maison, achetée par l’état en 2009, en vue du projet d’autoroute, est occupée depuis février 2013. Ses habitant.e.s, pour la plupart venu.e.s d’ailleurs, désirent créer des liens avec les personnes concernées par le projet, et cultiver des parcelles.

Le projet pourrait sauter, s’il n’apparaît pas dans le programme « Mobilité 21 » qui sélectionne, en ces temps de crise, les projets qui seront financés dans les prochaines années.

leopart.noblogs.org

 

La suite à suivre très vite…