Prochaine assemblée – 19 septembre 2015, 12h, à la Grange de Montabot.
Contribution pour enrichir le débat de la prochaine assemblée
INVITATION A CE QU’IL Y AIT UN MAX DE MONDE : Ne pas hésiter à inviter vos connaissances, ainsi que celles et ceux que vous connaissez ou avez connu à cette assemblée.
Après 3 ans et demi d’existence intense, l’assemblée antinucléaire de l’ouest, qui se réunit à la Grange de Montabot depuis avril 2013, doit prendre le temps de se régénérer, de trouver de nouveaux fils rouges qui feront qu’elle gardera toute sa détermination à être parmi les espaces en résistance.
L’assemblée a porté des coups avec vigueur à l’industrie nucléaire dans l’ouest, avec l’apogée de la lutte antiTHT dans le Cotentin-Maine il y a plus de 2 ans maintenant. Cependant, il est correct de penser qu’il n’y a plus de combats ni de cibles visibles sur le terrain actuellement, dans le Cotentin en particulier. Nous n’oublions pas, bien entendu, le nord de la Manche-Méga-Nucléaire et la voie de chemin de fer qui regorge de transports de déchets radioactifs mais, il nous est également difficile d’avoir prise sur les évènements et les travaux en cours là-haut.
Maintenant que l’ennemi est plus diffus, qu’il se terre partout comme la contamination se répand jusque dans nos gorges sans distinction, comment l’assemblée se dresse contre les formes de dominations exercées par le pouvoir en place ?
Un des objectifs de cet assemblée qui se veut ouverte est d’inclure sans cesse, de manière à faciliter les processus et actes collectifs, en la rendant conviviale. Mais, si conviviale elle est, et c’est certain, elle ne permet pas encore complètement d’asseoir les vraies rencontres, toutes fortes, et durables si possible, dont on rêve pour avancer groupé.e.s, le plus nombreux possible, en respectant nos différences mais en galopant vers des objectifs communs.
Question de temps, c’est sûr ; mais le temps est aussi synonyme d’usure, de fatigue, de perte de repères.
Ce sont ces objectifs pour nous qui sont devenus flous, ou plutôt que le pouvoir en place rend volontairement flou avec sa machine démocratique qui s’agrippe au progrès, donc au développement galopant de la vitesse, des arsenaux répressifs, de la surveillance et de la technologie. L’Etat nous noie sous les informations et pousse à sauver ce qui peut l’être, dans le style “chacun pour sa tronche” car tout le monde est suspect.
Il serait bon de rendre les choses et les décisions plus palpables, plus pratiques, mieux partagées mais pour cela nous devons croire, malgré le temps que cela peut prendre, qu’il y a un but, aussi utopique soit-il, qui fait qu’on a régulièrement cette envie de se rapprocher de ce but commun. Si nous y arrivons, en vivant des choses ensembles, régulièrement, il sera plus aisé de générer de la confiance et de l’écoute mutuelle.
C’est avec cette idée que l’assemblée, avec sa masse d’informations et de décisions actées collectivement, est un outil d’horizontalité où chacun.e doit sentir qu’il ou elle a un rôle à jouer.
En outre, on ne peut être simplement spectateurs ou spectatrices des palabres, ou l’overdose pointera vite son nez et fera fuir les convives.
La volonté de s’impliquer, qui fait parfois défaut pour pleins de raisons, génère chez les plus habiles et dévoué.e.s, le sentiment de devoir porter tout un tas de décisions à mettre en musique. Et la partition est parfois ardue, au point de se retrouver avec de la centralisation, des défauts de délégation et de la rétention d’information malgré la mise en place de référent.e.s qui se doivent de faire avancer le bin’s.
Tout ça pour dire que cet outil crée ou recrée parfois une forme de spécialisation des tâches, qui rend les choses plus efficaces, mais qui n’est pas très appropriable par celui ou celle qui doute encore de quoi faire de ce moment politique.
Pour y pallier, quelles formes doivent prendre les actes et les paroles que nous formulons durant ces moments de retrouvailles collectives ?
Faire diverger le débat sur la lutte antinucléaire en débat anticapitaliste, en lutte globale contre les nuisances et l’état, ne pas « bloquer » sur le nucléaire et s’y perdre (antinuk ? pas que !). Comment mettre notre texte en pratique et ne pas se perdre en paroles ?
Partager les rôles est sûrement une bonne piste mais demande de l’implication personnelle, qu’il est nécessaire de mesurer pour permettre de dédramatiser l’enjeu souvent fantasmé, et qui glace toutes formes de bonnes volontés.
Dans ce sens, la Grange est un ancrage important, une plate-forme unique et atypique d’organisation, de rencontres et de réseautage local, qui avait tout son sens dans le vacarme de la lutte contre la THT en étant aux premières loges.
La Grange pourrait faire cohabiter 2 volets, que d’aucun.e ne considèrent pas forcément compatibles :
- Activités et existence dans le territoire, entraide, centre social local, renforcer les connexions du coin et rendre visible ce qui s’y passe.
- Base logistique et subversive, expérimentions collectives, rencontres au-delà de l’ouest, la preuve de l’autonomie matérielle et politique en acte mais en étant toujours combatif sur le terrain.
Cet espace en tant que tel est un lieu neutre. On est chez nous, pour longtemps et par conséquent chez personne en particulier, il n’y a pas de prise à se sentir responsable du lieu.
Elle permet d’épanouir, en toute quiétude, en étant entouré.e.s d’ami.e.s, les projets collectifs élaborés en grand groupe, comme durant l’assemblée par exemple.
Mais beaucoup d’autres choses émergent de la grange de Montabot et le crew qui s’y rapporte en pratiquant toutes les semaines ou presque, a son propre mode de fonctionnement ouvert, bien sûr, mais plus informel, plus diffus, et se retrouve parfois en plus grand nombre qu’à l’assemblée autour de gros chantiers collectifs et d’activités tournées vers le territoire. D’autres problématiques, qu’on ne développera pas ici, endémique à un territoire rural, aux éléments politiques qui nous caractérisent, à nos fonctionnements internes aussi, est que nous avons grand mal à élargir le cercle des ami.e.s, à faire reconnaître le lieu alors que rien de comparable n’existe ailleurs.
Si nous décidons de penser autrement ou de remettre en cause cette assemblée, comment garder ce lien qui s’est tissé comme un axe fort entre la ZAD de NDDL, Rennes, la Manche, Caen et Rouen et qui se retrouve à la grange au moins une fois par mois ?
Qu’est-ce qui va faire continuer à galvaniser nos dynamiques d’échanges et d’actions ?
Car il s’agit bien de parler de la forme que prennent nos moments de rencontres liés à l’assemblée et non revenir sur notre texte fondateur « Antinucléaires ? pas que ! ». Ne s’agit-il pas, d’ailleurs, de revenir à notre texte fondateur et de l’affirmer ?
L’existence de la Grange, avec son fonctionnement plus affinitaire ne plaira pas à tout le monde mais il fonctionne et ne demande qu’à y voir des initiatives s’y implanter, en dehors de l’assemblée, comme cela s’est passé pour beaucoup de chantiers et d’activités à la grange.
Nous sommes certain.es de l’intérêt de la grange comme lieu de résistance à ce monde que nous détestons tant mais dans lequel on prend part d’une manière ou d’une autre et dans lequel on se débrouille quotidiennement, aussi.
Cette enclave qui rompt l’isolement et qui propose de bosser, parler, débattre ensemble avec nos différences, nos parcours, nos histoires (et on s’efforce de se le dire) pour qu’on grandisse ensemble et qu’on puisse s’émanciper, accumuler de la confiance, gagner de l’autonomie dans nos vies, affirmer qu’on se sent vivre, partager nos combines et ne pas tout subir des gouvernements meurtriers, sourds et à genoux devant la finance mondiale.
Il y a pleins de sujets possibles qui concernent l’emprise locale de la grange et de l’assemblée dans le paysage nucléaire manchois : une campagne contre les maisons RTE, une coordination contre les THT à travers l’hexagone, l’arrivée des compteurs Linky chez nous tou.te.s, une campagne contre la mesure généralisée (puçage animal, radioactivité, consommation d’énergie avec Linky) ?, de la cartographie en amont de la manif contre l’EPR d’octobre 2016, le Tour de France 2016, les déchets nucléaires de la Hague qui pourraient, un jour, traverser la Normandie pour rejoindre Bure.
Pour finir, une question :
Si nous n’arrivons pas à être plus nombreux, avec de nouvelles personnes ni à comprendre pourquoi certain.e.s ne reviennent pas, comment s’organise-t-on pour la suite ?