Infotour anti THT – Carnet de voyage – Semaine 3

Florilège de récits, images, réflexions, reccueillis au fil des rencontres, de Nancy à Lille

 

 

Nancy

 

A Nancy, nous sommes accueilli.e.s au CCAN, Centre culturel autogéré, qui brasse divers individu.e.s et collectifs, du féminisme aux antifas, en passant par la décroissance et la question de la précarité. Un programme chargé de discussions, ateliers, projections, concerts, et un bar bien sympathique où l’on peut déguster des sirops faits maison. Ici les mouvements d’extrême droite occupent les esprits, encore plus fortement depuis le meurtre de Clément Méric à Paris, et une manifestation antifa à Nancy perturbée par les forces de l’ordre il y a deux jours. La volonté de les contrer est plus forte que jamais.

On parle également beaucoup de Bure, de la détermination à suivre de près le pseudo « débat public » de la CNDP, de l’enthousiasme suscité par le premier blocage du 23 mai et l’envie de continuer sur la lancée.

http://ccan.herbesfolles.org/

 

Reims

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le 14 juin 2013, au Squat l’Ecluse.

Enfin reposées.és ! Avec quelques jours de pause à Bure, à la Maison de la Résistance (à la grosse poubelle nucléaire, pour les puristes), ça nous a fait du bien de pouvoir se reposer un peu, de pouvoir dormir dans le même lit plusieurs soirs de suite.

On arrive à Reims avec la patate, d’autant que pour quelqu’un.e.s d’entre nous cette soirée là est attendue depuis longtemps. Nous nous rendons à l’Ecluse, un squat au bord du canal. Une chouette baraque de deux étages avec une bibliothèque, un bar, une salle de réunion, un freeshop, et surtout un grand potager qui est une bonne source d’émerveillement pour certain.e.s d’entre nous.

Après un repas bien sympa, on entame la projection des films puis les discussions. C’est une soirée très intense, de nombreuses questions nous sont posées sur la lutte sur nos postures, sur nos ressentis par rapport à celle-ci. On parle aussi assez longuement de la lutte contre la construction de la centrale de Chooz B dans les Ardennes dans les années 1970-1980. La discussion part sur les rapports entre « locaux », « riverains », et « extérieurs », sur les modes d’organisation, sur la répression qui a frappé nos mouvements antinucléaires et sur l’évolution de celle-ci au fil du temps.

Mais on parle aussi de perspectives, de Bure et de l’importance de résister à ce projet.

lecluse.cleanedLa soirée se finit autour de quelques bières, en informel. Tout le monde paraît très content.e de la discussion qui a eu lieu. Le « à bientôt » qu’on se lance au moment du départ est chargé de sincérité. C’est reparti, direction Lille. La dernière, la plus grosse et peut-être une des plus importantes étapes. En tout cas la faim de frites et de welch de toutes.s (alimentée dès le départ certainEs personnes) va enfin pouvoir être comblée !

http://ecluse-reims.org/

 

 

Lille

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Nous voici au terme de notre périple, là où on renoue avec la thématique de la THT, car RTE prévoit entre Lille et Arras, une nouvelle ligne 400.000 volts d’ici à 2018. La THT, mais pas que, car les gens ici ont décidé de profiter de notre passage pour évoquer aussi des projets d’incinérateurs, de nanotechnologies, de fermes-usines de 1000 vaches. Des individu.e.s ainsi qu’une dizaine de collectifs et associations ont donc convergé pour deux journées bien chargées : manif, projection de Remballe ton eleck!, forum, débats, concerts. A la fin de la manif, nous tombons nez à nez avec un facho arborant fièrement sa croix celtique, se faisant photographier par sa copine devant un rutilant camion de pompiers. Stupeur, colère. On ne s’est pas préparé.e.s à réagir collectivement à une chose pareille. En filagrane de l’infotour, le sentiment de la montée du fascisme. Le samedi soir, nous nous retrouvons à Lille, au Centre Culturel Libertaire, installé rue de Colmar depuis 10 ans, où, après la projection du film, les discussions tournent longtemps autour des questions sanitaires et des pratiques illégales de Rte, puis glissent peu à peu vers la question du réseau européen de marchandisation de l’électricité, des « technologies intelligentes », du système industriel.

 

Le lendemain, nous nous retrouvons à Leforest, en périphérie de Lille, où une dizaine d’associations se présentent tour à tour. « Hors-sol » nous parle de Euratechnologies, qui développe à Lille une carte de transport équipée de puces RFID, destinée à devenir une « carte de vie quotidienne », pour payer ses courses, aller à la piscine ou à la cantine scolaire, pour être surveillé.e.s partout. L’association Novissen qui lutte contre la plus grande ferme-usine de fRance, associée à un méthaniseur industriel, dans la Somme, près d’Abbeville, a fait la route pour nous parler de la condition animale et des risques sanitaires. Le collectif Houille-Ouille-Ouille se mobilise contre l’extraction des gaz de couche dans le bassin minier, et précise que seulement une poignée de sites en fRance sont concernés par l’interdiction temporaire d’extraction, qui peut sauter à tout moment. Si l’extraction est débloquée en Nord-Pas-de-Calais, ce sont tous les autres sites qui seront concernés. Les habitant.e.s de la région souffrent également de projets d’incinérateurs qui rejettent une pollution de dingue, à base de plusieuIMG_0145.cleanedrs centimètres de poussières noires dans les gouttières deux fois par an.

Après deux révolutions industrielles, la région au plus fort taux de cancers s’apprête à en vivre une nouvelle, et la mobilisation n’est semble-t-il pas à la hauteur des enjeux. Mais c’est sans compter sur la détermination des personnes présentes à Leforest dont certaines émettent la proposition de se réunir sur une problématique plus globale, de délaisser un peu son rôle de contre-expert dans son domaine pour aborder la lutte de manière transversale, s’unir pour réfléchir et agir partout plus nombreux.ses.

 

http://hors-sol.herbesfolles.org

http://www.novissen.com