Ouest-France, organe moralisateur des luttes ?

Le 10 octobre 2015 (il y a déjà deux mois !), Ouest-France faisait paraître dans son Image de la semaine une photo de la déchetterie à ciel ouvert que constitue depuis près de trois ans un fameux pylône de Montabot (50) qui borde la route Percy-Montabot, aux abords du lieu-dit « la Cavée ».

PhotoO-F-2015oct10Une image qui a d’abord fait sourire tant, en quelques lignes de légende, le quotidien de presse régionale se ridiculisait par l’approximation de ses informations, par des amalgames à tendances nauséabondes, le tout dans un genre plutôt accusateur mais surtout moralisateur à l’encontre des antiTHT… Bref, pas joli, joli !.. Mais pas de quoi, non plus, en faire une jaunisse pour ce qui est en soit, assez courant (électrique?) chez Ouest-France.

L’affaire tourne plutôt vinaigre lorsqu’un militant féru de vérité s’est adressé au journal. Lorsque cet ami, lecteur de Ouest-France et abonné, s’adresse à l’organe de presse ou plus précisément à sa rédaction de Saint Lô, c’est tout de même le rédacteur en chef qui prend la peine de prendre contact. L’affaire est grave ! À se demander si elle n’est pas plus grave que l’affaire du fonctionnaire territorial devenu depuis maire de Percy, lequel avait nié, et avait été soutenu par Ouest-France dans ses dénégations, que des convois de plutonium dûment identifiés par de nombreux témoignages, photos et vidéos puissent passer par Saint Lô.

Ce rédacteur en chef persiste et assume, indiquant tout en revendiquant la protection de ses sources (ce qui est tout à son honneur) que celles-ci concordent : ce serait bien des antiTHT qui auraient déversé ces immondices.

Scoop Ouest-France : Le pylône de « la Cavée » à Montabot a fait l’objet d’une occupation !

Le fantasme de bien des opposant.e.s à la ligne Cotentin-Maine fait vérité par le quotidien. Malheureusement, l’occupation de ce pylône trop symbolique sans doute, faisait apparement peur à RTE qui avait mis les moyens nécessaires (rondes de gendarmerie, survol par hélicoptère, présence de vigiles 24/24 h et 7/7 j) en 2012, et jusqu’en 2013 (avec, alors, de simples rondes entre « la Cavée » et le « Mont Robin »). En effet, le pylôneur devait déjà se coltiner l’opposition d’habitant.e.s de Montabot et du Chefresne et de bien d’autres militant.e.s antiTHT dont certain.e.s occupaient le bois voisin de la Bévinière, bois voué à une destruction partielle selon les plans de RTE…

Ainsi, jamais une occupation de ce pylône sous haute surveillance ne fut possible à l’époque, sauf, apparemment, dans l’imaginaire de Ouest-France. Tout juste a-t-il subit quelques balafres sur certains de ces montants comme cela avait pu être constaté le 5 août 2012 lors du pique-nique antiTHT qui s’est déroulé dans le pré voisin.

Si la rédaction de Ouest-France* avait fait quelque peu preuve de journalisme, elle aurait sans doute pu reconstituer assez facilement les passages des antiTHT à l’emplacement de ce pylône. Ils furent nombreux et de nature diverses, sans doute à peu près aussi diverses que les antiTHT peuvent être divers et non assimilables les un.e.s aux autres…

19 mars 2012 – Selon RTE, des antiTHT auraient déversé sur les 100m2 que constituait la plate-forme une certaine quantité de lisier à cet emplacement empêchant RTE d’y poursuivre ses travaux.

31 mars 2012 – Toujours avant l’érection de ce pylône, alors que l’occupation du bois de la Bévinière avait été rendue publique la veille, les bûcherons mandatés par RTE ont été stoppés dans leur destruction d’arbres ainsi que de la haie jouxtant l’emplacement du futur pylône de la Cavée. Cette information fut d’ailleurs l’objet de plusieurs articles dans Ouest-France.

5 août 2012 – Un pique-nique a été organisé dans le pré voisinant le pylône 223. À cet occasion, lors d’une visite au pylône, a été constatée que celui-ci était entamé (scié ?) en divers endroits.

6 juin 2014 – De la brume matinale ont surgit plusieurs banderoles sur différents pylônes de la ligne THT Cotentin-Maine des banderoles interrogeant sur la possibilité d’une ligne supplémentaire. Ces banderoles ont pu être observées sur ce pylône de la Cavée à Montabot mais aussi du côté du Ghuilain et de Cerisy-la-Salle (un peu plus au nord) pendant plusieurs semaines avant que le vent ne semble avoir eu raison d’elles.

Différentes actions et incursions mais aucune occupation…

Cependant, il est vrai que pendant l’hiver 2013, les bases des deux pylônes suivant en allant vers le sud a été occupée au lieu dit « les Mares », au Chefresne. Peut-on en vouloir à un quotidien qui se targue d’être sur le terrain ? Cela ne fait jamais qu’une erreur de 500 mètres… Y a-t-il eu confusion ? Nous pouvons nous rappeler que cette occupation dite des mares faisait face à la préfecture de la Manche qui a assisté RTE dans la mise en place des cables électriques sur ces deux pylônes. Alors qu’une décision de justice interdisait l’entrée de RTE sur les terrains occupés par ces pylônes, nous nous rappelons que Ouest-France avait consciencieusement omis de rappeler que cette décision de justice était toujours d’actualité, ce qui pouvait facilement être vérifié auprès du Tribunal de grande instance de Coutances. Le rédacteur en chef de Ouest-France Saint-Lô, à l’époque (de l’époque ?), avait indiqué que l’opinion des différentes parties (dont n’était pas la justice) sur l’applicabilité de cette décision de justice faisait preuve du pluralisme du quotidien et que cela prévalait sur la réalité de ladite décision.

Scoop Ouest-France n°2 :

Les antiTHT utilisent des fours électriques sur des occupations… non alimentées en électricité… et les balancent sous les pylônes après leur passage.

Comme indiqué ci-dessus, les déchets, du lisier, effectivement déversés à cet emplacement en mars 2012 étaient d’une nature bien différente à ceux présents sur la photo du 10 octobre 2015. Il sont aussi autrement valorisables que ceux qu’Aréva prétend retraiter à son usine de la Hague ou que les cables des lignes THT dont des débris se retrouvent dans les champs au bout de quelques décennies.

Lorsque les vestiges de l’occupation du bois BoisDetruitde la Bévinière ont été détruit en mars 2013 par la chute des arbres abattus par les bucherons à la solde de RTE, personne n’a pu voir Ouest-France venir constater les dégâts…
Sans doute cela ne valait-il pas une Image de la semaine ?

Concernant la fameuse déchetterie située sous le pylône de la Cavée, n’importe qui, que ce soit en passant à pied, en vélo ou en véhicule motorisé, a pu se rendre compte comment, au fil du temps, le tas de ferraille érigé par RTE eBoulonsmanquantn bordure de route avait une tendance à attirer les déversements de déchets en tout genre. Ce n’est pas nouveau mais lorsque des antiTHT se promènent sous les pylônes, leur tendance serait plutôt à retirer des morceaux de ces déchets métalliques plutôt que de déverser des “encombrants” à leurs pieds.

Quelle mouche a alors piqué Ouest-France ? Qu’est-ce qui pouvait motiver que, soudain, ces encombrants se trouvant depuis bien longtemps au pied de ce pylône comme il y en a aussi, malheureusement, en bien d’autres endroits fassent l’objet d’une photo avec une légende moralisatrice malveillante ? Un ressentiment particulier à l’encontre des antiTHT ? Une personne fachée avec des antiTHT qui aurait suffisamment d’entrées à Ouest-France pour faire publier un tel cliché ? Toutes ces questions restent posées.

Quelques antiTHT

* Loin de nous l’idée d’incriminer tou.te.s les journalistes de la rédaction, mais quiconque à cette rédaction, avant de publier la photo et sa légende pouvait vérifier ce qu’il en était.