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Retour sur le week-end de résistance à la ligne THT, par quelques un-es du groupe « médical »

jeudi, juillet 19th, 2012
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Du 22 au 24 juin dernier a eu lieu un week-end de résistance à la construction de la ligne THT (Très Haute Tension) Cotentin-Maine. Ce week-end s’inscrit dans la continuité de réflexions, d’informations et d’actions collectives menées depuis plusieurs mois. Les deux premiers jours étaient consacrés à des échanges entre locaux et militants-es antinucléaires venus-es d’un peu partout. Le dimanche étant une journée d’action dont la finalité était double, à savoir rendre visible cette résistance, et saboter l’avancée des travaux sur la ligne THT.

 

Retournons plus précisément sur cette journée :

Deux cortèges sont partis du camp, l’un marchant vers la mairie du Chefresne, l’autre vers les pylônes. Ces deux cortèges étaient totalement solidaires, en lien permanent, et poursuivant la même volonté politique.

Au sein de ces deux cortèges nous étions une vingtaine de personnes, toutes antinucléaires, à s’être constitué comme un groupe « médical » autogéré en capacité d’assumer les premiers secours. Nous tenons à bien préciser que nous n’étions pas là en tant que prestataires de services, mais bien en tant que personnes participant activement à la construction de la lutte collective contre le nucléaire et son monde.

Au sein même de cette équipe médic, nous nous inscrivons dans une perspective politique d’échanges et de transmissions de savoirs et pratiques, rejetant les notions d’experts et de spécification des tâches.

 

Nous écrivons ce texte afin de faire un constat précis des événements et de dénoncer les violences « policières » assumées et préméditées par la préfecture de la Manche qui ont eu lieu ce dimanche 24 juin. Parce que cette journée n’est ni à oublier ni à banaliser, et qu’elle marque une nouvelle fois l’impunité et la monstruosité militaire, il nous semble important que ces constats et ces dénonciations soient diffusés largement aussi bien au cercle antinucléaire, aux professionnels en contact avec les victimes, qu’à n’importe qui ayant à faire aux forces de l’ordre. Cela, à la fois en solidarité avec nos amis-es et à visée d’auto-médiation.

 

Les moyens utilisés par la gendarmerie, outre les effectifs évidemment conséquents, étaient tous employés en vue de nuire et de blesser avec une détermination forte, pensée et assumée.

Pour le cortège se dirigeant vers les pylônes THT était déployé un arsenal comprenant des grenades explosives dites assourdissantes ou de désencerclement, des grenades lacrymogènes et des matraques. Les tirs, au lance grenades ou à la main, étaient sciemment dirigés vers les personnes, arrivant au niveau du visage le plus souvent. Rappelons que les grenades sont mortelles lorsqu’elles sont lancées à tir tendu (pratique interdite par la loi), ce qui était le cas et qui devient une norme.

L‘attaque a débuté de façon immédiatement brutale (à environ 200m du camp) avec des blessés-es graves dès la première charge, et n’a pas diminué d’intensité même lors de notre repli vers le camp. Et même lorsque des cordons de sécurité étaient constitués par nous-même autour de nos blessés-es et qu’ils signalaient verbalement aux bleus la situation, les charges et les tirs ont continué exactement avec la même violence.

L‘autre cortège a essuyé des tirs de grenades lacrymogènes, sans sommation, au bout d’à peine quelques centaines de mètres de marche, ce qui a entraîné son repli immédiat.

 

En ce qui concerne les blessés-es :

-une personne a été blessée à l’œil de manière très grave, elle a été transférée d’un hôpital périphérique au CHU de Caen le jour même, sa vision est largement amputée par une hémorragie du vitré et le pronostic est réservé quant à la récupération de son acuité visuelle.

-une personne a subi un traumatisme crânien grave avec atteinte de l’œil suite à un tir tendu de grenade, il a été opéré le soir même. Il souffre d’une triple fracture du massif facial et la rétine de son œil a été touchée par la violence du choc. Sa vision est également extrêmement altérée de manière irréversible à 1/20ème.

Ces deux personnes ont nécessité une évacuation en urgence. Or la préfecture a volontairement saboté l’arrivée des véhicules médicalisés sur le camp. Les consignes étaient données de bloquer le premier véhicule médicalisé à quelques dizaines de mètres du camp. Une journaliste présente sur les lieux a constaté ce blocage par un cordon de gendarmes, ce qui a certainement permis son lever. Le deuxième a carrément été détourné par la gendarmerie, soit disant pour un de leur blessé.

Ces deux victimes ont donc attendu plus d’une heure trente. Peut-on parler d’autre chose que de cynisme et de sadisme ?

-une autre personne a eu une plaie importante au niveau du front (coup de matraque), ayant nécessité des points de suture.

Les blessés-es restant (environ 20) sont consécutifs aux multiples explosions de grenades assourdissantes et de désencerclement. En explosant des impacts métalliques se logent dans les chairs en profondeur, jusqu’à plusieurs centimètres sous la peau, sectionnant potentiellement nerfs et artères.

Ainsi, 15 éclats ont été constatés (jambe os, genou, vagin, sein, bras) chez une blessée. L’un de ses éclats a carrément sectionné un nerf de l’avant bras. Elle a été transférée vers un autre hôpital et a ensuite dû être opérée de son avant-bras (ce qui signifie qu’on ne lui a pas retiré tous les éclats de son corps). Elle garde des séquelles motrices et sensitives des doigts.

Les autres gardent leurs éclats dans leur corps, ce qui n’est pas sans poser problème, à court comme à long terme.

 

A noter, le médecin régulateur du SAMU, avec qui nous étions en lien, était harcelé par le chef de cabinet de la préfecture afin de fournir les identités des blessés-es et leur hôpital de destination. Si lui et d’autres soignants-es s’en sont tenu au secret médical, des employés-es de la polyclinique d’Avranches ont sciemment communiqué avec la gendarmerie préférant être indic plutôt que soignant… Chapeau les collabos !

Des policiers étaient également en faction devant certains hôpitaux du coin. Il a aussi été signalé de véritables barrages policiers (en ligne sur la route avec tenue de combat) arrêtant tous les véhicules et contrôlant les identités. Et ils ont même été jusqu’à surveiller l’entrée du CHU de Caen où deux fourgonnettes et « une ligne » de gardes mobiles attendaient sur la voie d’accès. La répression prime clairement sur l’assistance.

 

Enfin, malgré la solidarité entre nous tous, le sentiment d’effroi laisse, pour certains-es d’entre nous, des marques dans nos psychés qui mettront du temps à cicatriser… Marques façonnant, mais n’effaçant rien de notre désir de révolte.

Notre propos n’est pas « de pleurer sur notre sort » car nous savions dans quoi nous nous impliquions. Nous ne sommes pas dupes, la France est un État policier qui montre son vrai visage quand on s’attaque à ses piliers fondateurs, notamment l’industrie nucléaire. Certes cela n’est pas nouveau, mais mérite d’être rappelé sans cesse. L’état ne supporte pas sa contestation, et avoir du sang sur les mains ne lui fait pas peur. Et ce texte a pour but d’informer, encore et toujours, que la violence étatique n’est pas que symbolique, mais s’incarne aussi dans le corps de nos compagnes et compagnons touchées-s.

Quelques un-e-s du groupe « médical »
mediccaen arobase riseup point net

 

Infos sur la lutte anti-THT :

https://stop-tht.org, https://antitht.noblogs.org et www.percysoustension.fr

Repression will not lower the voltage!

mercredi, juillet 18th, 2012

For several months, repression against those involved in the fight against High Voltage power lines (THT) in Cotentin-Maine has increased dramatically. These high voltage power lines, imposed on local people, are dangerous for the health and only serve the private interests linked to the nuclear industry. This struggle took off early in the project, and saw further acceleration after blocking the CASTOR nuclear waste train, when work started for the lines in November 2011.

It then developed, particularly in Le Chefresne, village of the county of la Manche affected by the THT line and opposed to the project, both on the part of the town hall and the local population against the THT line and for the immediate stopping of nuclear power. Once the general assembly of le Chefresne set up, many public actions were organised (removing nuts and bolts from pylons, occupying sites, etc.), to halt construction sites of the project conducted by RTE (Réseau de Transport de l’Electricité, a subsidiary of EDF ). The nuclearised French State, walking hand in hand with RTE, has decided once again to use repression to halt the struggle, arresting activists, convoking others, and by putting people on trial.

Most recently, a weekend against the THT lines was organised near Chefresne, from 22nd to 24th June to organise debates and to think especially about the anti-nuclear movement, ending with a public action against THT lines. But 600 policemen awaited the 500 participants, whose orders were to injure people (25 injured) more than to intervene (one person was arrested and will be in court in August).

The state and RTE prefer and try to suppress and stifle a legitimate dispute. (Police) Forces under the command of RTE are looking for the slightest pretext. Thus, 2nd June 2012 in Saint Pierre des Landes (53), after wounding an activist, they took the opportunity to sue him on the grounds of violently resisting arrest. In the same place, someone is accused of having driven his vehicle too close to a policewoman while parking it… An offence so obvious that he was arrested six days after the event, once RTE, the prefet and the police were also sued… Finally, preferring to harm rather than arrest people on 24 June, the authorities are trying to blame the only person available to them with the spraining of a finger and bruises to the hands of two “injured” policemen, although he does not match the description of the person drawn up by them. Several court cases are pending (one has already taken place).

Each time we call for a support rally in front of the court.

AGENDA AGAINST REPRESSION

6th August 2012: 2pm, Court of Coutances
Trial of the activistd arrested in Montabot, 24th June.

21st August: Court of Coutances, the verdict of the trial held on 19th June

23rd August : 2pm, Court of Laval
Trial of militant wounded and then arrested on 2nd June, in Saint Pierre des Landes.

23rd November : 9am Cnd ourt of Laval
Trial of activist arrested 10th July after an action dating back to 4th July

9th October : Trial of three people in Cherbourg
following actions near Valognes on 23rd November 2011.

To help and / or participate:

 Come to the rallies and actions …

 Donate by cheque (write THT on the back of the cheque)
to the Association for Solidarity and the Legal Aid:
Association Pour la Solidarité et l’Aide Juridique
APSAJ, 6 cours des Alliés, 35000 Rennes, France.

Contact anti-repression of the anti-THT: +33 (0)7.53.36.62.48 or antirep-tht at riseup dot net

More information on stop-tht.org and antitht.noblogs.org

 

AGENDA ANTI-THT

 

1st and 2nd Sept. 2012: General Meeting at Le Chefresne, in the (occupied) wood of la Bévinière.

29th Sept. : anti-nuclear and anti-THT rally in Avranches

The weekend of resistance as seen by a few people from the Medical Team

mercredi, juillet 18th, 2012

From 22 to 24 June there was a weekend of resistance to the construction of High Voltage Power lines (THT in French) in Cotentin-Maine. This weekend was a continuation of thoughts, information and collective actions that have been ongoing for several months. The first two days were devoted to exchanges between locals and antinuclear activists who came from all over France, and beyond in a few cases! Sunday was a day of action whose purpose was twofold: to make this resistance visible and to sabotage the progress of work on the THT lines.

Looking Back specifically on this day:

Two processions left the camp, one walking towards the town hall of Chefresne, the other towards the pylons. Both processions were totally supportive, in permanent contact and following the same broad political line

Within these two processions we were about twenty people, all anti nuclear, formed as a group “medical team” self-organised all with the ability to perform first aid. We wish to clarify that we were not there as a service, but as individuals actively participating in the construction of this collective struggle against nuclear power and its world.

Even within the medical team , we belong to a political perspective of exchange and transmission of knowledge and practices, rejecting notions of experts and job specification.

We are writing this text in order to make a precise statement of events and to denounce the premeditated and assumed “police” violence by the prefecture of la Manche (county in France) that took place this Sunday, 24 June. Because this day is neither to forget nor to trivialise, and was marked again by impunity and military monstrosity, it seems important that these findings and those accusations are widely distributed both in anti-nuclear circle, to professionals working with victims, as to anyone who has to face French law enforcement. This, both in solidarity with our friends-and our self-referred mediation.

The means used by the French police, in addition to substantial numbers of course, were all employed in order to harm and hurt with a strong determination, that was thought about and assumed.

For the procession headed for the THT pylons a heavy arsenal was deployed including stun grenades, and other types of unidentified grenades, tear gas and truncheons. The firings by grenade launcher or hand, were deliberately aimed at people (in the face most often). Recall that the grenades are deadly when fired on a flat trajectory (which is prohibited by law), which was the case and that became standard.

The attack immediately began very brutally (about 200m from the camp) with serious injuries, from the first charge, and did not stop even when we retreated to the camp. And even when security cordons were set up by ourselves around our wounded and then we verbally reported the situation to the cops , charges and firing continued with exactly the same violence.

Another procession was tear gassed without warning after only a few hundred meters walk, which led to their immediate retreat.

Regarding the wounded

-One person was very seriously injured in the eye, they were transferred to a peripheral hospital at Caen University Hospital the same day, their vision is largely impaired and it is unknown if they will recover the same level of vision as before.

-Another person suffered a serious head injury which affected their eye due to the trajectory of a grenade fired, he was operated on that evening. He suffered a triple fracture of the skull and the retina of his eye was affected by the violence of the shock. His vision is extremely impaired irreversibly to 1/20th.

Both people needed an emergency evacuation. But the prefecture deliberately sabotaged the arrival of ambulances to the camp. Instructions were given to block the first ambulance a few dozen meters from the camp. A journalist present at the scene saw this (blockade of an ambulance by a police cordon) which certainly helped the ambulance to pass. The second ambulance was totally diverted by the police, allegedly for their wounded.

Both victims had to wait for more than an hour and and a half. Can we talk about something else other than cynicism and sadism?

-Someone else has had a large wound in the forehead (truncheon), which required stitches.

The rest of the wounded -(about 20) were consequences of multiple explosions of stun grenades. Exploding metallic impacts were lodged deep in the flesh, up to several centimetres beneath the skin, potentially severing nerves and arteries.

Thus, 15 fragments of shrapnel were observed (leg bones, knee, vagina, breast, arm) in one person. One of the fragments bluntly severed a nerve in her forearm. She was transferred to another hospital and then had an operation on her forearm (which means not all shrapnel was removed from the rest of her body). She will have problems moving her forearm/wrist and she lost the felling of touch/sensitivity in her fingers.

Others kept the shrapnel in their bodies, which is not without its problems, both in the short and long term.

Note, the doctor of the “SAMU” (French Ambulance service) with whom we were in contact, was harassed by the chief of staff of the prefecture to provide the identities of the wounded and their destination hospital. If he and other nurses respected medical confidentiality, other employees of the Polyclinic of Avranches knowingly communicated with the police preferring to be snitches instead of caring for patients … hats off to the collaborators!

Police were also on guard outside some hospitals in the area. It was also reported that real police roadblocks (directly on the road with combat gear) were stopping all vehicles and checking identities. And they even monitored the entrance to the University Hospital of Caen, where two vans and a “line” of riot police waited on the driveway. Repression clearly outweighed assistance.

Finally, despite the solidarity between all of us, the feeling of terror leaves, some of us, registered in our minds that will take time to heal … although clearly marked, this will take nothing away from our desire to revolt .

Our purpose is not “crying over our fate” because we knew what we were involved in. We are not fooled, France is a police state that shows its true colours when one attacks its founding pillars, including the nuclear industry. Certainly this is not new but worth constantly repeating. The state does not support this challenge, and even when they have blood on their hands this doesn’t scare then. And this text aims to inform again, and always that state violence is not only symbolic, but is also embedded in the bodies of our affected companions.

A few people from the “medical team”
mediccaen at riseup dot net

Information on anti-THT:

stop-tht.org and antitht.noblogs.org and www.percysoustension.fr

Detrás de la urgencia, la estupidez. Crónica del fin de semana de resistencia en Chefresnes.

mercredi, juillet 18th, 2012

Avanzar olvidando la cabeza es como regresar con un brazo menos.

Crónica del fin de semana de resistencia en Chefresnes.

Dar paso a la fragilidad o destrozarlo todo.

Un madero me disparó dos veces.

Tengo 15 impactos de metal en el cuerpo y ahí se quedarán; la pierna, el hueso de la rodilla, la vagina, el pecho, el brazo. Me han seccionado el nervio del brazo derecho, tuvieron que operar. Dentro de un año, quizás recobre sus capacidades.

Escribo para que no se pueda decir: no lo sabíamos. Quien quiere saber, sabe. Escribo para que dejen de censurarnos, golpearnos, encerrarnos, matarnos bajo una supuesta democracia y un supuesto Estado de derecho.
Escribo porque ya estoy harta de que se remita a la violencia de países lejanos y pobres haciendo desaparecer, vilmente, los asuntos revolucionarios que tienen lugar en Túnez, Libia, Egipto, Siria, etc. diciendo que en Francia no es lo mismo, y aún peor…

Escribir porque a los 20 años he sufrido, visto, y entendido demasiada violencia policial tras escaparates de mentiras y propaganda mercantil.
Escribir porque se me hace insoportable sentir esa bola de angustia en la barriga cuando me cruzo con un paco y esa niebla de soledad e impotencia frente al sistema policial.
Escribir para no gritar que las cosas ya no pueden seguir así y actuar en consecuencia.
Escribir porque la libertad de la civilización occidental es una mentira mortífera.
Escribir porque hay demasiado silencio y mentiras sobre la represión, sobre nuestras luchas, sobre los peligros de la nuclear, entre otros, sobre la violencia del sistema.

Esta vez, occurió en Chefresnes, un pueblo que resiste a la implantación de una línea de alta tensión de 170 km. de largo (esta línea forma parte de la creación de una gigantesca red de circulación de información mundial, no solo con venta de electricidad sino también control de la población y automatización de los intercambios con la administración central). La corriente eléctrica la producirán motores eólicos en el mar del Norte, centrales nucleares como la EPR de Flamanville, pero también mecánicamente a través de los tres reactores de Tricastin, ya no dan suministro eléctrico a la fábrica Eurodif, que cerró).

Pero llevo conmigo muchxs heridxs, muchxs muertxs, muchos silencios, no solo en Francia, no solo en todas partes.
Llevo conmigo cárceles llenas y sé de las impunidades que ensayan los verdugos legítimos. El 21 de abril, Amine Bentounsi fue asesinado de bala por la espalda y, después de esto, la policia armada y uniformada se manifestó reivindicando el derecho a matar en prevención. Desde su entrada en vigor, las pelotas de goma, las granadas aturdidoras y las urticantes dieron lugar a muchxs heridxs, ojos perdidos, llagas, minusvalías, muertes; y nadie ganó ante la justicia.
Conozco ciudades más y más aseguradas, todo un arsenal jurídico más y más liberticida, el perfeccionamiento del control de la población al mismo tiempo que el de las fronteras. Escribo porque estoy harta de que me pregunten si “va todo bien”. A aquellxs a lxs que les dije que sí, sería la cortesía o la costumbre. Resumiendo

Nos dispararon bajo las torretas de alta tensión de las que el campo está plagado, en un desastre mundial que amenaza con explotar a cada instante y en el cual nos quisieran civilizadxs, pasivxs. Nosotrxs, depués de todo, desposeídxs de casi todo, de nuestra historia, de su sentido, del lenguaje, de la información, de nuestros cuerpos, de nuestros deseos, de nuestro tiempo, de nuestras vidas. Mientras nos quieran inofensivxs, temerosxs, no violentxs, no quiero que me traten de “la enferma”, que me infantilicen, que me compadezcan. Necesito que cuidemos lxs unxs de lxs otrxs, para durar, y también necesito que respondamos. Para curarme, necesito un sistema sin pacos, sin poder. Sí, tengamos en cuenta los daños de un fragmento de guerra social explícita, con sus propios dolores y violencias, pero nos nos rindamos, ¡organicémonos! Lo que no nos mata nos hace más fuertes, decía aquel, siempre y cuando no nos mintamos.

¿Quieren detalles? Los medios de des-comunicación fueron a mi habitación del hospital antes de la operación. Un médico de cabecera, presente en el campo, había testificado sobre la violencia policial y el uso de armas de guerra (granadas urticantes y aturdidoras, gases lacrimógenos, porras…) dejando numerosxs heridxs. Fue estupendo en el campo pero ahí fue incómodo; las moscas de mierda del poder, o sea los periodistas, querían grabar los impactos del metal en los cuerpos para difundir el testimonio. Sin imagen, no hay palabra, ese era su chantaje. Estuvieron una hora en la habitación, intentando defenderse de la bajeza de sus perdiódicos (comunicados de prensa en francés aquí) y de su trámite.
Viendo, sin sorpresa, lo que salió de eso, se imponen unas rectificaciones.

El avance de las obras de la línea hacen más que urgente y necesaria una resistencia concreta y determinada en las infraestructuras.
“Es evidente y necesario, puesto que nos imponen los postes erigidos sobre nuestras tierras, que muchas personas sienten la necesidad de actuar directamente en contra de este eslabón débil de la industria nuclear debido a la inaceptable represión de los oponentes, la violación de los derechos fundamentales de las personas, las humillaciones impuestas por la RTE (Red de Transporte de la Electricidad) a la población” (extracto del llamamiento : Todxs a Chefresne, Fin de semana de resistencia a la linea de muy alta tension).

Estas líneas participan en el desposeimiento de nuestras vidas y se imponen con la misma arrogancia y el mismo fascismo que el aeropuerto de Notre Dame des Landes, el TGV (Tren de Alta Velocidad) entre Lión y Turín, la central de gas en Finistère, los ecobarrios en nuestras ciudades gentrificadas o incluso las cárceles con cara humana, linda imagen de la hipocresía de la mierda actual. Entonces, ¿de dónde sale la violencia ? Ya lo sabemos y podemos indignarnos después, pero es importante recordarlo: los llamamientos públicos de encuentros o acciones acarrean inevitablamente un tremendo despliegue de dispositivos policiales: ocupación policial y militar del territorio, control y cacheo de lxs que se acercan allí, vigilancia (helicópteros, dispositivos de escucha), refuerzos policiales entrenados sobre el terreno (en el caso de Chefresnes, la PSIG: Pelotón de Vigilancia e Intervención de la Gendarmería, los guardias móviles de Blain, entrenados en la lucha de Notre Dame des Landes). Había más de 500, armados bajo la presión de una prefectura traumatizada por Valognes (o la pérdida del dominio de un territorio).
Su voluntad parece clara: romper el movimiento, hacer daño, fisica y moralmente.

Mientras los medios de des-comunicación construyen meticulosamente la figura del peligroso radical con el que quieren acabar (con no se sabe qué) y con quien viene de lejos para ello (figura amenazante y completamente despolitizada), pasan bajo el silencio las luchas y la, cada día en aumento, represión que sufren. Un territorio que resiste es a menudo ocupado militaramente, como podemos ver en Chefresnes, en Notre Dame des Landes o en el Valle de Susa. Con la expropriación y la expulsión como telón de fondo, se desarolla, a diario, la presión psicológica, financiera, judicial y policial. Detrás de la supuesta libertad de pensamiento: la prohibición de actuar. Nos dan la tabarra para que no seamos violentxs detrás de una violencia creciente.

El 24 de junio, salió una manifestación en dirección a la torre del agua, lugar de encuentros y resistencias, desalojado el miércoles 20 de junio. Otro cortejo, en el que yo me encontraba, se fue en dirección a las torretas (dos de pie y otra todavía en el suelo). Es difícil decir si hay que renunciar definitivamente a toda acción en masa anunciada, sería una derota anunciada si no se tratara más que de un afrontamiento anticipado con los pacos mejor equipados, decirse que el miedo, el deseo de cancelar estuvieron presentes el día anterior y por la mañana y que, quizás, hubiera sido lo mejor. Me parece importante que nos planteemos las formas de toma de decisión en momentos de urgencia y de “espectáculo” como este. “La marcha por el honor” nos dejó un triste regusto a esos ejércitos ya vencidos avanzando hacia su ruina. Ser transversales, imprevisibles, inesperadxs para no tener que convertirnos en fuerza militar… Un amigo me dijo después “Una vez más nos cruzamos de cerca con la muerte, unx de nosotrxs hubiera podido palmarla”.
En el campo gris por el gas, no teníamos la relación de poder o la inteligencia necesaria para no dejarnos arrastrar rápidamente y con violencia hacia el campo. Oíamos detonaciones, gritos y, en la última carga, las miradas con las que me cruzaba eran de susto o sufrimiento. Las líneas de maderos, mientras escuchaban “¡hay heridos, calma!”, se pusieron a cargar gritando y disparando. Después de haber tenido la impresión de quemarme, tuve la de perder el brazo y, luego, el miedo de que nos disparasen por la espalda o que paren. Alguién me agarró y me sacó de allíí.
A los que dicen que la guerra se acabó, yo les digo que está latente, escondida, pero que podemos contar nuestrxs muertxs, para no olvidarlxs. Hace algunos años, a un activista le pasó por encima un tren nuclear que quería bloquear encadenándose a la vía. Otrxs se dejaron tendones, quemados por la amoladora (la disque) de los maderos que querían sacarlxs de la vía, otrxs… la lista está incompleta. ¿Cuántxs muertxs por las nucleares, desde Hiroshima hasta Fukushima pasando por lxs que esconden aquí, cuántas toneladas de residuos que se amontonan, cuántxs irradiadxs y cuántos falsos debates democráticos?

Allí, había una carpa médica llena de heridxs. Con tristeza pero con eficiencia, los gestos y los reflejos se ponen en marcha: curar las urgencias, dominar el dolor y acompañar el de lxs demás, evacuar a pesar de los cordones policiales, evitar a los que bloqueaban la entrada del hospital de St. Lo, esperar desesperadamente a los bomberos bloqueados, sufrir la requisa de uno de sus vehículos para evacuar a un policia arañado en detrimento de una chica que corría el riesgo de perder la vista…

Al llegar al hospital, cuento todo esto mientras muestro mi cuerpo mutilado. La gente se indigna, se enoja en el servicio hospitalario no familiarizado con la violencia policial de la Francia del 2012. Algunxs hubieran querido ir a la mani pero trabajaban, algunxs me dijeron alzando el puño que seguiera con la lucha, otrxs no se le creían, alguien me dijo “Hicimos la guerra en Normandia, sabemos lo que es”. Tengo al teléfono a un responsable del acceso a los cuidados del hospital de St Lo (en relación con los cordones policiales, dos camiones y una línea de guardias móviles en la vía de acceso al hospital). Otra vez, le digo que los bomberos no pueden acceder al campo y me respone que hace lo que puede. Añade que desde la mañana está recibiendo, por parte de la prefectura, presiones para que les diga el nombre y la naturaleza de las lesiones de lxs heridxs de Chefresnes. Me garantiza que el secreto profesional no permite ninguna filtración. Le respondo que resista a las presiones y se lo agradezco.

Me trasladaron y me operaron. Les transmito los momentos en que, en esta habitación, tuve la impresión de estar en cana y donde temí que los pacos llegaran, los momentos en que el asombro de la gente me dio ganas de decirles “pero abre los ojos e infórmate”, la preocupación por lxs que se quedaron en el campo, las ganas de hablar con todxs lxs que vivieron ese momento, las ganas de decir que solo les guardo rencor a los maderos, las ganas de romper la tele o de ocupar el plató en el momento de las noticias regionales…

Solo sé de un momento que me obsesiona, esa hora entera cuando, con el brazo anestesiado en la sala de espera del quirófano, no pude reprimirme y no paré de llorar. No solo por el brazo, no solo por estas esquirlas, no solo por el estrés, sino por el desamparo de saberme involucrada en una guerra pacificada cuyas razones al igual que las consecuencias solo las conocen unxs pocxs compañerxs, ahogadas en la indiferencia general.

Tengo una pregunta importante en la garganta, ¿qué hacer ahora frente a esta violencia policial? Sé que no tengo nada que esparar de esta justicia de clase sino una tribuna o mediatización del problema. Aun así. Sé que es cotidiana esta violencia. Sé que somos muchxs lxs cabreadxs. Sé que estamos un poco solxs y desprovistxs también.
Ya aprovecho para decir que ir a las manis con casco, máscara antigás y protección no es ser violentx, es condición básica para nuestra superviviencia física.
Además, tenemos que ser más inteligentes que la policía, que sus jueces, que sus infiltrados, que su sistema de control.
Y, para terminar, me gustaría que no dejemos de hacer lo que sabemos, puesto que “para quien aun se sorprenda”, la violencia policial ha entrado en la realidad y la banalidad del político.
Amal Bentounsi (hermana de Amine Bentounsi) llamaba a un movimiento nacional contra la licencia para matar de la policía, yo llamo a una insurrección internacional contra la policía, contra todo lo que nos impone, lo que defiende y contra aquellos a los que sirve.
Escribir es fácil pero nunca sabemos cómo se leerá.

Hasta pronto

La repressione non farà abbassare la tensione (THT)!

mercredi, juillet 18th, 2012

Da parecchi mesi, la repressione contro le persone coinvolte nella lotta contro la linea ad altissima Tensione (THT) Contentin-Maine ha fortemente aumentato. Queste linee THT, imposte alle popolazioni locali, sono pericolose sul piano sanitario e servono solamente gli interessi privati legati all’industria nucleare. Questa lotta ha preso il suo sviluppo fin dall’inizio del progetto, e ha conosciuto una nuova accelerazione dopo il blocco del treno di rifiuti nucleari Castor e l’inizio dei lavori, nel novembre 2011.

Si è poi particolarmente sviluppata intorno al Chefresne (50), villaggio riguardato dalla linea THT ed opposto al progetto, sia per quanto riguardo il municipio sia per la popolazione, contro la linea THT e per l’arresto immediato del nucleare. L’assemblea generale del Chefresne costituita, numerose azioni pubbliche sono state organizzate ( svitare i bulloni dei piloni, occupazione di cantieri eccetera,) per bloccare i cantieri di costruzione condotti da RTE (Rete di Trasporto dell’elettricità) filiale di EDF. Lo stato nucleare, camminando mano nella mano con RTE, ha deciso di utilizzare una volta in più la repressione per bloccare questa lotta, fermando dei militanti/e, convocandone altri, e processandoli.

Ultimamente, un week-end anti-THT è stato organizzato accanto al Chefresne, dal 22 al 24 giugno, per organizzare particolarmente dei dibattimenti e delle riflessioni sulla lotta anti-nucleare, we che si è chiuso con un’azione pubblica contro le linee THT. Ma 600 carabinieri, di cui gli ordini erano più di ferire (25 feriti/e) che d’interporrsi , hanno aspettato i 500 partecipanti , (un arresttato sarà che passa processato).

Lo stato e RTE preferiscono così reprimere e tentare di imbavagliare una contestazione legittima. Le forze agli ordini di RTE cercano il minimo pretesto. Così, il 2 giugno 2012 al Saint Pierre des Landes (53), dopo avere ferito un militante, ne approfittano per denunciarlo col motivo di ribellione; allo stesso luogo, è rimproverato ad un militante di avere posteggiato il suo veicolo troppo vicino ad un carabiniere… Un’infrazione talmente evidente che fu chiamato 6 giorni dopo i fatti, quando RTE, il prefetto ed i carabinieri denunciati per le loro estorsioni… Infine, avendo preferito ferire piuttosto che arrestare il 24 giugno, le autorità tentano di caricare al massimo l’unica persona a loro disposizione, rimproverandogli la storta al dito e le contusioni alla mano dei due carabinieri « feriti », sebbene non corrisponda alla descrizione della persona messa in causa da essi. Parecchi processi sono a venire, un è già finito.

Ogni volta, chiamiamo ad una manifestazione di sostegno davanti al tribunale.

 

AGENDA ANTI-REPRESSIONE

 

6 agosto 2012: alle 14.00, tribunale di Coutances

Processo all’arrestato del 24 giugno a Montabot.

 

21 agosto: Tribunale di Coutances,verdetto del processo del 19 giugno.

 

23 agosto: alle 14.00, tribunale di Laval

Processo del militante ferito poi arrestato il 2 giugno al Saint Pierre des Landes.

 

23 novembre: alle 9.00, tribunale di Laval

Processo del militante arrestato il 10 luglio per i fatti che risalgono al 4 luglio.

 

9 ottobre: Processo a Cherbourg di 3 personein seguito alle azioni condotte vicino a Valognes il 23 novembre 2011.

   

Per aiutare e/o partecipare

– Venire alle manifestazioni ed azioni…
– Fare con assegno un dono, (con menzione THT dietro l’assegno), all’ Associazione Per la Solidarietà e l’aiuto Giuridico :

APSAJ, 6 cours des alliés, 35000 Rennes, Francia.

 

Contatto anti-repressione della lotta anti-THT:
07.53.36.62.48 o antirep-tht arobase riseup.net.

 

Più info su: www.stop-tht.org o antitht.noblogs.org

 

AGENDA ANTI-THT:

1 e 2 Settembre. 2012: Assemblea Generale al Chefresne, nel bosco, (occupato), della Bévinière.

29 settembre: Manifestazione anti-THT ed anti-nucleare ad Avranches

Quelques critiques et interrogations sur le déroulement du WE de résistance à la ligne THT Cotentin-Maine.

mercredi, juillet 18th, 2012

Le but de ce texte n’est pas de viser tel groupe responsable du programme du week-end ou tel groupe responsable de la stratégie de l’action du dimanche. Mais plus de mettre en lumière les difficultés organisationnelles et stratégiques qu’ont rencontrées les 500 personnes présentes lors ce cette manifestation qui a eu lieu du 22 au 24 juin 2012, en Basse-Normandie.

 

Annonce de l’action

Tout d’abord, je voudrais partir de l’annonce du week-end, et particulièrement de l’annonce d’une « journée d’actions contre la THT » (sur l’affiche) ou d’une « journée de  »diversions » massives » (sur le programme détaillé du week-end). Sans poser la question suivante : Est-il vraiment nécessaire d’annoncer explicitement sur un quelconque support – jusqu’à préciser le jour – qu’il y aura des actions ? Arrêtons-nous sur le terme « diversions ». Il me semble plutôt évident (dans un contexte de lutte où, par exemple, le mot pique-nique a servi de prétexte à diverses actions) que ce mot a sûrement engendré des répercutions directes sur la façon dont se sont organisés et ont réagi les gardes mobiles, et plus largement le dispositif de répression étatique. Mais comment utiliser ce genre de termes pour ne pas que cela agisse à notre désavantage ?

 

Incompatibilité des discussions avec les actions prévues en fin de week-end

En plus des actions, sur le même mode que le camp de Valognes, étaient proposés deux jours de discussions pour débuter le week-end. L’initiative de Valognes n’a-t-elle pas montré, ainsi que certaines actions autour du Chefresne, qu’il était difficile – voire impossible – de se rendre pleinement disponible, aussi bien mentalement que physiquement, pour les discussions/débats quand une ou des actions sont à préparer ?
Apparemment non. Mais le week-end anti-THT l’a encore confirmé. Une partie des discussions du samedi a été désertée par les divers groupes affinitaires et/ou géographiques, se réunissant afin de s’organiser pour les actions du lendemain. Sans parler du fait d’être préoccupé par cette dernière organisation et donc de ne pas avoir l’esprit à discuter, à prendre la parole ou tout simplement à se concentrer sur ce qui se dit. Les discussions sont tout de même très importantes dans tout mouvement d’opposition, surtout que ce n’est pas tous les jours qu’elles ont lieu.
Surgi alors le dilemme : « j’ai envie de participer aux débats, de m’informer mais je ne veux pas me retrouver en « touriste » au milieu des lacrymos le dimanche, qu’est-ce que je privilégie ? »
En ce sens, les rencontres autour de l’arrêt immédiat du nucléaire, en Saône-et-Loire1, organisées par le CAN 71, permettront de se sentir plus serein, plus disponible, plus attentif, etc., étant dépourvues d’actions (du moins directes).

 

Locaux,  »visiteurs » et connaissance du terrain

Revenons sur l’action du dimanche et son aspect topographique. Lors de l’assemblée générale faisant suite à l’action chaotique du dimanche 24 juin, plusieurs points ont été soulevés. Je reviens ici sur deux d’entre eux : la connaissance du terrain et la confiance. En effet, après la prise de parole d’une personne qui rendait compte de la difficulté à s’approprier une action quand on ne connait pas ou peu le terrain, une autre lui répondit de manière assez virulente (et un peu stupide à mon goût) : (de mémoire) « tu n’as qu’à venir ici pendant un mois pour apprendre à le connaître ! »
Comme si tout le monde habitait à une heure de route du Chefresne (et de Montabot en l’occurrence, lieu du camp) et était disponible pour venir ne serait-ce que chaque fois qu’il y a une assemblée ou une action.
Il ne faut pas oublier la triste réalité qui est, pour la majorité d’entre nous, faite de travail ; ou si ce n’est pas le cas, nous sommes chacun inscrit dans un quotidien qui peut nous contraindre dans la gestion de notre temps, sur une courte comme sur une longue durée.
Sans parler du côté financier corrélé à la distance géographique dans laquelle on se trouve.
C’est donc là que la confiance intervient. Effectivement, elle devrait pouvoir naître entre les personnes connaissant bien le terrain (du Chefresne aux alentours : le château d’eau, le bois de la Bévinière, le tracé des pylônes et ses divers chantiers en cours, etc.) et celles ne venant que rarement aux assemblées, aux actions, ou qui venaient uniquement pour le week-end de résistance. Attention tout de même, faire confiance ne veut pas dire le faire aveuglément (j’y reviens plus loin). C’est un des points les plus critiques concernant l’action du dimanche et particulièrement le choix de ce petit chemin – au nom certes très sympathique – des Hortensias, mais qui a laissé planer le même grand doute (désarroi ?) au dessus de nombreux cerveaux lors des  »préparatifs » pour l’action.

Stratégie et remise au question

On y arrive justement à cette action – qu’on pourrait rebaptiser (avec une touche d’humour noir, j’en conviens) journée de  »répressions » massives.
Il y en a des choses à redire sur la stratégie qui a été proposée pour ce dimanche 24 juin –je rappelle qu’il ne s’agit pas ici d’incriminer qui que ce soit, mais d’analyser ce qui a pu constituer une fragilité dans l’organisation de l’action.
Assez vite il a été annoncé en AG (le vendredi soir je crois) qu’il y aurait deux grands groupes : un qui partirait pour une marche pacifique, dans un style « manif’traditionnelle » et un second qui serait dans l’action dite « directe ».
Le premier (G.1) – hétérogène, constitué de jeunes et moins jeunes, d’enfants (!) – devait partir du camp, sur la route, pour se rendre au Chefresne (au château d’eau – squatté de force par les pions de l’État – ou à la mairie, je ne sais plus…).
Le deuxième (G.2) – composé majoritairement de jeunes (sans oublier les moins jeunes), et sans enfants – devait descendre le fameux petit chemin des Hortensias, exigu, sombre, longé d’arbres et de clôtures, rendant l’accès difficile aux champs de chaque côté, surtout pour un groupe nombreux. L’intention du G.2 était d’aller bloquer un carrefour tout en bas du chemin, sachant que ce dernier longe grossièrement le tracé de la ligne THT avec deux pylônes dans le champ à gauche en descendant et un troisième non loin du carrefour en question. Le mot d’ordre du groupe était : rester compact.
À noter que plusieurs petits groupes (plus mobiles et ayant divers objectifs) ont été constitués, en plus du G.1 et G.2.
Une fois le « scénario » intégré dans les cerveaux ainsi que la connaissance du dispositif de répression – environ 600 gardes mobiles, plus le(s) PSIG (Peloton de Surveillance et d’Intervention de la Gendarmerie), il apparut pour un grand nombre de personnes que l’action prévue pour le G.2 était vouée à l’échec – « on va au casse-pipe ! ». Certain-e-s, dans ce dernier groupe, avait la nette impression de servir d’appât. Il y eut plusieurs réactions face à cela : la fierté, car cela pourrait permettre aux groupes mobiles d’accéder aux pylônes ; le mécontentement, et donc la volonté de changer de groupe (G.1 ou un des petits groupes) ; l’indifférence, car certain-e-s ne s’en rendirent sûrement pas compte.
Avec du recul et après réflexions sur la situation au sein du G.2, plusieurs critiques émergent sur cette stratégie qui fit autorité et fut tentée.
Paradoxalement, malgré le grand nombre de gens ayant critiqué la stratégie, lors (et hors) des réunions du G.2, personne ne l’a remise radicalement en question en AG. Tout cela fait ressortir une sorte de suivisme, une non appropriation de l’action, et une sacralisation des assemblées générales2. Cet aveuglement et ce manque d’objectivité sont-ils les symptômes d’un attachement excessif au spectre de la démocratie directe ?
Un autre point critique, celui de la solidarité « forcée ». En effet, des personnes ont voulu renoncer à l’action du G.2, intégrer un autre groupe ou même rester au camp, la stratégie ne leur convenant pas. Mais des sentiments tels la culpabilité, le désarroi, etc. peuvent conduire à une solidarité non assumée donc forcée, car se sentant obliger de soutenir leur ami-e-s. Cela peut être prévisible et a certainement été vécu ce dimanche 24 juin. Ce sont des aspects qu’il ne faut pas écarter dans les conditions d’une action « risquée », aux conséquences pouvant être graves, au niveau de la répression : de nombreuses personnes blessées, arrêtées, car inquiètes, angoissées et ne se sentaient pas de faire face aux forces de l’ordre, du fait de s’être forcées comme décrit plus haut. Il en va de même, pour une vingtaine de personnes de la Medic Team (groupe médical quoi) qui étaient en capacité d’assumer les premiers secours. Étant les seules à être organisées, dans ce but, pour l’action, la responsabilité que cela implique peut inciter à la solidarité : forcée. Aussi, si vraiment il venait à manquer quelques un-e-s de la Medic Team, car se refusant à être solidaire d’une action qu’ils-elles ne sentent pas, les conséquences pourraient être encore pires.
Le dernier point que j’aborderai dans cette partie 4 est celui de la « flexibilité ». En d’autres termes, comment arriver à ne pas faire que l’action soit téléphonée ? Comment ne pas agir là même où l’on sera le plus attendu par les forces de répression ? Aurions-nous été capable d’effectuer l’action le samedi au lieu du dimanche, malgré son annonce pour le dernier jour ? (J’ai conscience de la difficulté que cela implique, ainsi que les possibles infiltrations, écoutes à distances, etc.)
Je n’ai pas de réponse à apporter, c’est à réfléchir, à discuter et peut-être à envisager par la suite, sur d’autres actions de ce genre.
Notons quand même la trentaine de personnes qui ont pu accéder à un pylône dans la nuit de samedi à dimanche, et ont retourné la bagnole d’un vigile (un feu d’artifice a également été lancé ce même soir, je ne sais pas s’il fut lié aux 30). En gros, on a été tellement figé sur notre dimanche que les gardes mobiles n’ont pas pris la peine d’être présents aux pieds de tous les pylônes la veille au soir.
Une dernière remarque. Il peut s’avérer dangereux d’effectuer des actions près d’un camp où il y a des enfants et un espace qui leur est prévu. Pour quelque raison que ce soit, les forces de répression pourraient être amenées à entrer sur le camp et exposer les enfants aux gazes lacrymogènes ou à des scènes violentes3.

La mode de l’activisme

Ainsi, samedi après midi, alors que quelques personnes étaient en « promenade » sur le chemin des Hortensias et dans les champs environnants, plusieurs camionnettes et voitures de la gendarmerie ont déboulées sur un chemin très proche du camp. Les forces de l’ordre étaient-elles là pour essayer d’intercepter les « promeneurs », craignant que ceux-ci n’aillent s’attaquer aux pylônes, allez savoir !?
Toujours est-il que deux personnes, voyant ce spectacle, s’apprêtèrent à tirer des fusées (type feu d’artifice) sur les gardes mobiles, cela, depuis le camp. Les excités – vêtus d’une sorte de burqa-noire-moulante-deux-pièces de l’activiste branché – n’eurent pas le temps de faire quoi que ce soit avant que plusieurs personnes, près d’eux, ne leur disent d’arrêter. Cela aurait certainement légitimé une intrusion de la part de « l’ennemi », avec toutes les conséquences imaginables.
Les deux zouaves n’ont pas insisté (leur seule répartie fut : « on l’fait pas ? ») et sont partis en se décagoulant tranquillement.
Ce genre de réactions, comme quelques autres durant le week-end, ont fait parfois régner une ambiance assez étrange, comme si – à la vu de certaines personnes – il y avait un besoin de prouver une identité, voire une mode de l’activisme. À quand un rayon « activisme », consacré à l’accoutrement et au matériel (des fringues noires de toutes sortes, en passant par la frontale, le sac, les gants, le masque à gaz, etc.) chez Décathlon ou Au Vieux Campeur ?
Je m’égare un peu dans la moquerie, je sais, mais c’est quand même risible parfois ; mais ça peut vite ne plus l’être dans une situation semblable à celle décrite au début de cette partie 5.

Répression, échec : nécessité de créer un bouc-émissaire ?

Un autre phénomène est apparu pendant et surtout après le week-end. C’est la création d’une espèce de bouc-émissaire.
En effet, c’est l’impression que me donne cet acharnement contre la mouvance dite « appelliste », à qui on reproche le goût des stratégies guerrières et un certain avant-gardisme. Je ne veux pas rentrer dans cet élan plutôt hostile – mêlant des antécédents vécus avec ou proche de cette mouvance, de l’ego, de la jalousie (voire un peu de phobie), et sans doute une part de vérité. Il s’agit en fait de divergences théoriques et pratiques, apparemment difficiles à gérer.
Il se trouve que je n’ai aucun antécédent, ni grief à l’égard de ce courant politique. En outre, ces divergences ne peuvent-elles pas être conciliable, après discussions (sans animosité), pour envisager une réelle organisation commune ? Je ne prétends pas cerner la complexité de cette situation, je fais juste part de mon ressenti m’étant retrouvé plusieurs fois dans une position gênante face à ces reproches.
Ainsi, le fait que l’action du dimanche fut chaotique, qu’il y ait eu une répression violente et impressionnante avec, au final, une vingtaine de blessé-e-s dont trois gravement atteint-e-s, laisse le goût amer de l’échec. S’ajoutant parfois à cela, un sentiment de culpabilité, un choc psychologique, un vif énervement contre les forces de répression, un mécontentement vis à vis de l’organisation de l’action – cette dernière avait préoccupé, je le répète, beaucoup de gens. Tout ça peut être dur à porter. Pourtant, je trouve qu’il est malavisé, abusé, de développer à l’encontre de la mouvance précitée – ou d’une quelconque autre, évidemment –, un phénomène de bouc-émissaire, ou quelque chose dans ce goût là.
Il me paraît plus juste de considérer cet échec comme étant collectif, et non en se détachant des causes et en les attribuant à d’autres.

La suite

Lorsque j’écris ces lignes, l’assemblée du Chefresne se rassemble pour la première fois depuis le week-end de résistance. Je fais partie des personnes ce trouvant dans un des cas décrits partie 3, ce texte compense partiellement mon absence. Je le finirai en pensant que des actions rassemblant un grand nombre de gens ne sont pas toujours compatibles avec la cible choisie. En témoigne la liste d’actions « réussies », recensées par RTE4 et qui étaient principalement des actions clandestines ou en nombre assez restreint, pour celles qui étaient publiques. Qu’elles continuent alors d’exister !
Rendez-vous donc en septembre, en Saône-et-Loire, pour apprendre à se connaître, discuter et débattre de questions pertinentes. Comme par exemple : qu’elle pourrait-être la prochaine cible faisant l’objet d’une action de perturbation massive contre l’industrie nucléaire et son monde ?

Un individu participant à l’initiative de Montabot, le 18 juillet 2012.

Notes :

1. Appel pour des rencontres atour de l’arrêt immédiat du nucléaire, les 8 et 9 septembre 2012, à Culles-les-Roches, en Saône-et-Loire, Bourgogne

2. Le mot « fétichiser » fut employé pour qualifier les assemblées. Il était certes peut-être un peu fort mais relevait, à mon avis, une composante importante de l’échec du dimanche.

3. D’ailleurs, le groupe 1, dans lequel il y avait des enfants , s’est vu être gazé (sans sommation) par les gardes mobiles, au grand étonnement de certain-e-s. N’oublions pas que le mot « diversions » avait été annoncé. Il était donc très facile d’en imaginer une avec le G.1 partant en manif’ pacifique alors qu’un petit groupe à l’intérieur aurait pu s’être organisé, se tenant près à agir plus radicalement à un moment donné. En tout cas, la passion du gazage plus la pression psychologique et physique du week-end, les gardes mobiles n’ont pas dû réfléchir bien longtemps pour tirer leurs saloperies.

4. RTE nous informe… que les actions des anti-THT sont nombreuses et efficaces !

Dimanche 15 juillet, 10h – Assemblée du Chefresne au bois de la Bévinière

lundi, juillet 9th, 2012

Trois semaines après le WE de résistance qui s’est déroulé à Montabot (50), cette assemblée sera d’abord l’occasion de nous retrouver, mais aussi de reparler du week-end de juin, et de l’été que nous pourrions réserver à RTE.

Pour le repas du midi, l’idée est que chacun-e ramène quelque chose à partager.

DIMANCHE 15 JUILLET – 10 h
Bois de la Bévinière – LE CHEFRESNE

L’assemblée du Chefresne

Derrière l’urgence, la bêtise. Retour sur le week-end de résistance du Chefresne.

dimanche, juillet 8th, 2012

Avancer en ayant oublié sa tête c’est revenir en ayant perdu un bras.

Retour sur le week-end de resistance au Chefresne

Español

Laisser place à la fragilité ou tout détruire.

Je me suis fait tirée dessus par un flic.
J’ai 15 impacts de métal dans le corps et ils y resteront ; la jambe, l’os du genoux, le vagin, le sein, le bras. Le nerf de mon bras droit a été sectionné, on a du opérer. Dans un an peut être je retrouverai ses capacités.

J‘écris pour qu' »on » ne puisse pas dire qu »on » ne savait pas. Qui veut savoir sait.
J’écris pour qu’on arrête de nous censurer, frapper, enfermer, tuer derrière une soit disant démocratie et un soit disant état de droit.
J’écris parce que je n’en peux plus qu’on renvoie les violences aux pays lointains et pauvres en se décharge lâchement des questions révolutionnaires qui se posent en tunisie, en lybie, en Egypte, en Syrie … disant qu’en France c’est pas la même, qu’en France c’est différent, et même pire…

Ecrire parce qu’à 20ans j’ai subie, vu et entendu trop de violences policières derrière des vitrines de mensonges et de propagande marchande.
Écrire parce qu’il m’est insupportable de sentir cette boule d’angoisse dans mon ventre quand je croise un flic, et ce brouillard de solitude et d’impuissance face au système policier.
Écrire faute hurler que ça ne peut plus durer, et de prendre acte. Écrire parce que la liberté dans la civilisation occidentale est un mensonges meurtrier.
Écrire parce qu’il y a trop de silences et de mensonges sur la répression, sur nos luttes, sur les dangers du nucléaire, entre autre, sur la violence du système.

Cette fois-ci, ça s’est passé au Chefresne, une commune qui résiste à l’implantation d’une ligne très haute tension de 170 km de long (cette ligne participe à la création d’un gigantesque réseau de circulation d’information mondial, avec non seulement vente d’électricité mais aussi contrôle des populations et automatisation de leurs échanges avec l’administration centrale. Le courant électrique sera produit par des éoliennes en mer du Nord, par des centrales nucléaires comme l’EPR de Flamanville, mais aussi mécaniquement par les trois réacteurs de Tricastin qui sont maintenant libérés de l’alimentation électrique de l’usine Eurodif qui a fermée ; http://antitht.noblogs.org/255).

Mais je porte en moi bien des blessés, bien des morts, bien des non dits, pas qu’en France, pas qu’ailleurs .
Je porte en moi des prisons pleines et je sais les impunités à répétions pour les bourreaux légitimes.
Amin Bentounsi a été assasiné le 21 avril par balle, dans le dos, et suite à ça des policiers manifestent armés, en uniforme, revendiquant le droit de tuer en prevention.
Depuis leur mise en services le flash ball, les grenades assourdissantes et celles de desenclerment ont fait beaucoup de blessés, des oeils perdus, des plaies, des handicaps, des morts; personne n’a gagné devant la justice.

« Dispositif ballistique de dispersion » qui explose à 165db, envoie dix-huit modules en caoutchouc et, dont le bouchon métallique envoie des éclats dans la chair.

Je sais des villes de plus en plus sécuritaires, un arsenal juridique de plus en plus liberticide, le perfectionnement du contrôle de la population en meme temps que celui des frontières.
J’écris parce que j’en ai marre qu’on me demmande si « ça va ». A ceux à qui j’ai dit « oui », la politesse ou l’habitude.
Bref.

Nous nous sommes fait tirés dessus sous des pylones THT qui pullulent dans la campagne, dans un désastre mondial qui menace de péter à tout moment et dans lequel on nous voudraient civilisé, passif. Nous, à force, dépossédés de presque tout; de notre histoire, de son sens, du langage, de l’information, de nos corps, de nos désirs, de notre temps, de nos vies. Alors qu’on nous voudraient inoffensifs, craintifs, non violents, je ne veux pas qu’on me parle comme à « la malade », qu’on m’infantilise, qu’on me plaigne. J’ai besoin qu’on prenne soin des uns des autres, pour durer, j’ai besoin qu’on riposte aussi. J’ai besoin, pour guérir, d’un système sans flics, sans pouvoir.
Oui, tenons compte des dégâts d’un fragment de guerre sociale explicite, de son lot de douleurs et de violence, mais n’abandonne pas, organisons nous. Ce qui ne tue pas rend plus fort parait-il, à condition de ne pas se mentir.

Vous voulez des détails? Les mass-médias sont venus dans ma chambre d’hôpital avant l’opération. Un médecin généraliste, présent sur le camps, avait témoigné des violences policières et de l’utilisation d’armes de guerre (grenades de Dé-encerclement, grenade assourdissantes, gaz lacrymogène, matraque…) laissant de nombreux blessés. Il avait été formidable sur le camp mais là il arrivait géné ; les mouches à merde du pouvoir, autrement dit les journalistes, voulaient filmer les impacts de métal dans les corps pour diffuser le témoignage. Pas d’image, pas de parole, c’était leur chantage. Ils restèrent une heure dans la chambre, tentant de se défendre de la bassesse de leur journaux (voir les revues de presse sur : http://www.percysoustension.fr) et de leur démarche.
En voyant, sans surprise, ce qui en sort, un rectificatif s’impose.

L‘avancée des travaux de la ligne rend plus qu’urgente et nécessaire une résistance concrète et de terminée sur les infrastructures.
« Il est maintenant évident et nécessaire, vu ce que nous imposent les pylônes dressés sur nos terres, que beaucoup de personnes sentent l’envie en eux d’agir directement contre ce maillon faible de l’industrie nucléaire vu l’inacceptable répression des opposants, les droits fondamentaux des personnes bafoués, les humiliations qu’inflige RTE à la population. » (extrait de l’appel tous au chefrenes, wk de resistance; http://www.stop-tht.org/)

Ces lignes participent à la dépossession de nos vies et s’imposent avec la même arrogance et le même fascisme que l’aéroport à Notre Dame des Lande, le tgv entre Lyon et Turin, la centrale à gaz au Finistère, les éco-quartiers dans nos villes gentrifiées ou encore que les prisons à visages humains, belle image de l’hypocrisie du merdier actuel.
Alors d’où vient la violence?

On le sait et on peut s’en indigner après coups, mais il est important de le rappeller : les appels publiques de rencontres ou d’action entrainent inévitablement un énorme déploiement du dispositif policier: Occupation policière et militaire du territoire, contrôle et fouilles de ceux qui y passent, surveillance (hélicoptères, dispositif d’écoute), renforts entrainés au terrain ( dans le cas du Chefresne, la spig, les garde mobile de blain, entrainé sur la lutte de notre dame des landes). Ils étaient plus de 500 armés sous les pressions d’une préfecture traumatisée par Valognes (ou la perte de la maitrise d’un territoire).
Leur volonté semble clair : casser le mouvement, faire mal, physiquement et moralement.

Alors que les mass-media construisent méticuleusement la figure du dangereux radical qui veut en finir (avec on ne sait quoi) et qui vient de loin pour ça ( figure menaçante et complètement dépolitisée), ils passent sous silence les luttes et la répression croissante qu’elles subissent. Un territoire qui résiste est souvent occupé militairement, comme on le voit au Chefresne, à Notre Dame des Landes ou encore au Val de Suse; Sur fond d’expropriation, d’expulsions se déroulent quotidiennement les pressions psychologiques, financières, judiciaires et policières. Derrière la soit disant liberté de penser: l’interdiction d’agir. On nous tanne d’être non violent sous une violence croissante.

Le 24 juin, une manifestation est partie vers le château d’eau, lieu de rencontres et de résistances, expulsé le mercredi 20 juin. Un autre cortège, dont je faisait partie, est allé en direction des pylônes (deux debout et un encore au sol). Il est difficile de dire s’il faut définitivement abandonner toute action de masse annoncée, si c’était un casse pipe d’aller à ce qui ne serait qu’affrontement anticipé par des flics mieux équipés, de se dire que la peur l’envie d’annuler était presente la veille et le matin et qu’elle était peut être sagesse. Il semble important de questionner nos mode de prise de descision dans des moments d’urgence et de « spectacle » comme celui-ci. « La marche pour l’honneur » mentionné dans un retour (lien ci dessus) laisse un triste arrière gout de ces armées de déja-vaincus avançant vers leur perte. Etre transversales, imprévisibles, inattendus pour ne pas devoir devenir force militaire… Un ami me dit après coup  » cette fois encore on est pas passé loin de la mort, un d’entre nous aurait pu y rester ».
Dans la campagne grise de gaz nous n’avions pas le rapport de force ou l’intelligence nécessaire pour ne pas se faire repousser assez rapidement et violemment vers le camp. On entendait des détonations, des cris et sur la dernière charge les regards que je croisais étaient effrayés ou souffrants. Les lignes de flics, en entendant « il y a des blessés, du calme » se sont mis a charger en gueulant et tirant. Après avoir eu l’impression de bruler, j’ai eu celle de perde mon bras, puis la peur qu’ils nous tirent dans le dos ou qu’ils arrêtent. Quelqu’un m’a saisit et m’a sortie de là.
A ceux qui disent que la guerre est finie, je leur dis qu’elle est latente, cachée, mais qu’on peut compter nos morts, pour ne pas les oublier. Un opposant est passé il y a quelque années sous un train castor qu’il a voulu bloquer en s’enchainant sur la voie. D’autres y ont laissé leur tendons, brulé par la disque use des flics qui voulaient les enlever, d’autres … la liste est incomplète. Combien de morts par le nucléaire, de Hiroshima à Fukushima en passant par ceux qu’on cache chez nous, combien de tonnes de déchets qui s’entassent, combien d’irradiés, et combien de faux débats démocratiques ?

Là, c’était une tente médic pleine de blessés. Tristement mais efficacement les gestes et les réflexes se mettent en place : soigner dans l’urgence, maitriser sa douleur et accompagner celle des autres, évacuer malgré les barrages de polices, éviter celui qui bloquaient l’accès à l’hopital de St Lô, attendre désespérément les pompiers bloqués, subir la réquisition d’un de leurs véhicules pour évacuer un policier égratigné au détriment d’une fille risquant de perdre la vue …

En arrivant à l’hopital, je raconte tous ça en montrant mon corps mutilé. On s’indigne, on s’énerve, on déplore dans le service hospitalier pas familier des violences policière de la France de 2012. Certains auraient voulu aller à la manifestation mais travaillaient, certains m’ont dit en levant le poing de continuer la lutte, d’autres n’en revenait pas, quelqu’un m’a dit « nous avons fait la guerre en Normandie, on sait ce que c’est ». J’ai au téléphone un responsable de l’accessibilité des soins de l’hôpital de st Lo ( par rapport au barrage, deux fourgons et une lignes de garde mobile sur la route-sur la voie d’accès au CHU). Je répète, je dis que les pompiers n’arrivent pas à accéder au camp, il me répond qu’il fait ce qu’il peut. Il ajoute surtout qu’il reçoit, depuis le matin, des pressions de la préfecture pour avoir le nom et la nature des lésions des blessés du Chefresne. Il m’assure que le secret médical ne permet aucune fuite. Je lui dit de tenir face aux pressions et je le remercie pour cela.

Je serai transférée et opérée. Je vous passe les moments où, dans cette chambre, j’ai eu l’impression d’être en taule ou que j’ai craint l’arrivée des flics, les moments où l’étonnement des gens me donnait envie de leur dire mais ouvre les yeux et informe toi, l’inquiétude pour ceux resté au camps, l’envie de parler avec tous ceux qui ont vécu ce moment, l’envie de dire que je n’en veux qu’aux flics, l’envie de casser la télé ou d’occuper le plateau au moment des infos régionales…

Je sais juste qu’un moment me hante; cette heure entière où, mon bras anesthésié dans la salle d’attente du bloc opératoire, je n’ai pu m’empêcher et m’arrêter de pleurer. Pas que mon bras, pas que ces éclats, pas que le stress, mais la détresse de se savoir partie prenante d’une guerre pacifiée et dont les raisons comme les conséquences ne resteront connus que d’un petit nombre de camarades, noyées dans une indifférence générale.

J‘ai une grosse question dans la gorge, que faire maintenant par rapport à cette violence policière. Je sais que je n’ai rien à attendre de cette justice de classe sinon une tribune ou une médiatisation du problème. Et encore. Je la sais quotidienne cette violence. Je nous sais nombreux enragés. Je nous sais un peu seuls et démunis aussi.
Déjà j’en profite pour affirmer que ce n’est pas être violent que d’aller avec casque masque à gaz et protection en manifestation, c’est la condition de notre survie physique.
Ensuite qu’il nous faudra être plus intelligents que la police, que leur juges, que leur infiltrés, que leur système de contrôle.
Et pour finir que j’aimerai bien qu’on ne laisse pas faire parce que l’on sait, car « qui ça étonne encore », les violences policières sont entrées dans la réalité et la banalité du politique.
Amal Bentounsi appelait à un mouvement national contre le permis de tuer pour la police, j’appelle à une insurrection internationale contre la police, ce qu’elle nous inflige, contre ce qu’elle défend, contre ceux à qui elle sert.
C’est facile d’écrire mais on ne sait jamais que ça soit lu.

A bientôt