Archive for the ‘Textes en français’ Category

Lundi 6 août 2012, 13 h devant le TGI de Coutances : Rassemblement de solidarité avec l’interpellé du 24 juin à Montabot

vendredi, août 3rd, 2012

LE NUCLEAIRE ET LA THT EN PROCES ?

Participation à un attroupement armé, non dispersion, violences sont les faits pour lesquels est poursuivi un militant antinucléaire ayant participé au WE de résistance qui s’est déroulé à Montabot du 22 au 24 juin 2012.
Pourtant, ce militant ne faisait pas parti du groupe armé jusqu’aux dents qui n’a pas lésiné à lancer grenades offensives et gaz lacrymogènes, à donner des coups de matraque sur des militants cheminant vers des pylônes THT situé sur la ligne Cotentin Maine en construction. Il n’a pas non plus commis les violences qui ont causé des blessures importantes à une vingtaine de personnes, dont six ont du être hospitalisées.
Ce qu’on lui reproche: une entorse au doigt d’un gendarme et des contusions à la main d’un autre, alors qu’il ne correspond pas à la description de la personne mise en cause par ces gendarmes.

En revanche, il fait clairement parti d’un processus étatique symptomatique d’une société nucléaire, laquelle ne peut pas être dissociée d’une société policière voire militaire.

Ce qui est reproché au militant est bien de participer à une lutte antinucléaire légitime contre les ligne THT. Une lutte que RTE, filiale du producteur d’énergie nucléaire EDF, ne peut accepter quitte à enfreindre la loi sous prétexte d’une signature ministérielle au bas d’un arrêté.

La répression ne fera pas baisser la tension !

La solidarité financière est aussi de mise pour pouvoir faire face à la répression de la lutte anti-THT.

Merci d’envoyer vos dons à l’Association pour la solidarité et l’aide juridique (chèque à l’ordre de APSAJ, mention THT au dos), 6 cours des alliés, 35000 RENNES.

Les taureaux plus forts que les travaux !

mardi, juillet 31st, 2012

Nouvelle journée de résistance au Chefresne

Pelleteuse et camions bennes se sont présentés ce lundi 30 juillet au matin dans l’espoir de commencer les chemins d’accès vers les emplacements prévus de trois pylônes, numérotés 224, 225 et 227.

Stoppés par des taureaux présents dans les parcelles à terrasser, les engins de chantiers ont du rebrousser chemin.

RTE a alors mandaté un huissier accompagné de son escorte en bleu de rejoindre les domiciles des propriétaires présumés des bovins nerveux. Ceux-ci étaient malheureusement absents mais avaient laissé un mot sur la mort que leur apportait le rouleau compresseur RTE.

Du coup, un gendarme soudainement inquiet quant à la survie d’un des agriculteurs a appelé les pompiers. La présence du propriétaire du taureau auprès de sa bête a fini par rassurer la maréchaussée qui a promis de transmettre la parole du présumé suicidé, bien déterminé à ne pas lâcher le morceau.

Cette résistance au travaux intervient alors que la section du contention en charge du jugement des recours contre la DUP au conseil d’Etat s’est déclarée insuffisamment compétente pour statuer sur la légalité de celle-ci dont se prévaut RTE pour monter ses pylônes à marche forcé. En même temps, cela repousse la décision du Conseil d’Etat à décembre, date à laquelle RTE compte bien avoir terminer la totalité de la ligne.

Une reprise des travaux sous grands renforts étaient prévus dans la journée, avec quelques pontes de la filiale d’EDF et sa garde mobile rapprochée (composé de 4 bus et de son contenu) mais à 18h, rien ne va plus, même pas la garde mobile qui a disparu.

Les engins de terrassement de l’entreprise sous-traitante de RTE, en l’occurence JP Brionne de Saint Clément-Rancoudrey, et les camions ont pris logement à la carrière de Tessy, qui fournit la caillasse à bousiller les champs.

Partie remise pour ce mardi 31 juillet ou une mobilisation plus forte sera surement nécessaire pour s’assurer que nos deux valeureux fermiers (ou leurs taureaux) puisse continuer à tenir tête à la machinerie infernale.

Rdv est pris au Chefresne
Du côté du pylône 226, à la Crépinière ou
au bois de la bévinière,
Le plus tôt est le mieux mais plus tard, c’est bien aussi.

La répression ne fera pas baisser la tension (THT) !

vendredi, juillet 20th, 2012

English                             Italiano                             Version pour impression

Depuis plusieurs mois, la répression contre les personnes impliquées dans la lutte contre la ligne Très Haute Tension (THT) Contentin-Maine a très fortement augmenté. Ces lignes THT, imposées aux populations locales, sont dangereuses sur le plan sanitaire et ne servent que les intérêts privés liés à l’industrie nucléaire. Cette lutte a pris son essor dès le début du projet, et a connu une nouvelle accélération après le blocage du train de déchets nucléaires Castor et le début des travaux, en novembre 2011.

Elle s’est ensuite notamment développée autour du Chefresne (50), village concerné par la ligne THT et opposé au projet, tant du côté de la mairie que de la population, contre la ligne THT et pour l’arrêt immédiat du nucléaire. L’assemblée générale du Chefresne constituée, de nombreuses actions publiques ont été organisées (déboulonnages de pylônes, occupation de chantiers etc), afin d’enrayer les chantiers de construction menés par RTE (Réseau de Transport de l’Electricité, filiale d’EDF). L’Etat nucléocrate, marchant main dans la main avec RTE, a décidé d’utiliser une fois de plus la répression pour enrayer cette lutte, arrêtant des militant-e-s, en convoquant d’autres, et en passant certain-e-s en procès.

Tout dernièrement, un week-end anti-THT a été organisé à côté du Chefresne, du 22 au 24 juin, afin d’organiser des débats et des réflexions notamment sur la lutte anti-nucléaire, clôturé par une action publique contre les lignes THT. Mais 600 gendarmes ont attendu les 500 participant-e-s, dont les ordres étaient bien plus de blesser (25 blessé-e-s) que de s’interposer (un interpelé qui passe en procès).

L‘Etat et RTE préfèrent ainsi réprimer et tenter de museler une contestation légitime. Les forces aux ordres de RTE en sont à chercher le moindre prétexte. Ainsi, le 2 juin 2012 à Saint Pierre des Landes (53), après avoir blessé un militant, ils en profitent pour le poursuivre au motif de rébellion ; au même endroit, il est reproché à un militant d’avoir garé son véhicule trop près d’une gendarme… Une infraction tellement évidente qu’il fut interpellé 6 jours après les faits, une fois RTE, la préfète et les gendarmes poursuivis pour leurs exactions… Enfin, ayant préféré blesser qu’interpeller le 24 juin, les autorités tentent de charger au maximum la seule personne à leur disposition, allant jusqu’à lui reprocher l’entorse au doigt et les contusions à la main des deux gendarmes « blessés », bien qu’il ne corresponde pas à la description de la personne mise en cause par eux. Plusieurs procès sont à venir (un est déjà passé).

A chaque fois, nous appelons à un rassemblement de soutien devant le tribunal.

 

AGENDA ANTI-REPRESSION :

6 août 2012 : 14h, tribunal de Coutances
procès de l’interpellé du 24 juin à Montabot.

21 août : Tribunal de Coutances,verdict du procès du 19 juin.

23 août : 14h, tribunal de Laval
Procès du militant blessé puis interpellé le 2 juin à Saint Pierre des Landes.

23 novembre : 9h, tribunal de Laval
procès du militant arrêté le 10 juillet pour des faits remontant au 4 juillet.

9 octobre : Procès à Cherbourg de 3 personnes
suite aux actions menées près de Valognes le 23 novembre 2011.

 

Pour aider et/ou participer :

 Venir aux rassemblements et actions…
 Faire un don par chèque (avec mention THT au dos) à Association Pour la Solidarité et l’Aide Juridique :
APSAJ, 6 cours des alliés, 35000 Rennes.
 Contact anti-répression de la lutte anti-THT :
07.53.36.62.48 ou antirep-tht arobase riseup point net.

Plus d’infos sur : www.stop-tht.org ou antitht.noblogs.org

 

AGENDA ANTI-THT :

1 et 2 Sept. 2012: Assemblée Générale au Chefresne, au bois (occupé) de la Bévinière.

29 Septembre : Rassemblement anti-THT et anti-nucléaire à Avranches

Retour sur le week-end de résistance à la ligne THT, par quelques un-es du groupe « médical »

jeudi, juillet 19th, 2012
English

Du 22 au 24 juin dernier a eu lieu un week-end de résistance à la construction de la ligne THT (Très Haute Tension) Cotentin-Maine. Ce week-end s’inscrit dans la continuité de réflexions, d’informations et d’actions collectives menées depuis plusieurs mois. Les deux premiers jours étaient consacrés à des échanges entre locaux et militants-es antinucléaires venus-es d’un peu partout. Le dimanche étant une journée d’action dont la finalité était double, à savoir rendre visible cette résistance, et saboter l’avancée des travaux sur la ligne THT.

 

Retournons plus précisément sur cette journée :

Deux cortèges sont partis du camp, l’un marchant vers la mairie du Chefresne, l’autre vers les pylônes. Ces deux cortèges étaient totalement solidaires, en lien permanent, et poursuivant la même volonté politique.

Au sein de ces deux cortèges nous étions une vingtaine de personnes, toutes antinucléaires, à s’être constitué comme un groupe « médical » autogéré en capacité d’assumer les premiers secours. Nous tenons à bien préciser que nous n’étions pas là en tant que prestataires de services, mais bien en tant que personnes participant activement à la construction de la lutte collective contre le nucléaire et son monde.

Au sein même de cette équipe médic, nous nous inscrivons dans une perspective politique d’échanges et de transmissions de savoirs et pratiques, rejetant les notions d’experts et de spécification des tâches.

 

Nous écrivons ce texte afin de faire un constat précis des événements et de dénoncer les violences « policières » assumées et préméditées par la préfecture de la Manche qui ont eu lieu ce dimanche 24 juin. Parce que cette journée n’est ni à oublier ni à banaliser, et qu’elle marque une nouvelle fois l’impunité et la monstruosité militaire, il nous semble important que ces constats et ces dénonciations soient diffusés largement aussi bien au cercle antinucléaire, aux professionnels en contact avec les victimes, qu’à n’importe qui ayant à faire aux forces de l’ordre. Cela, à la fois en solidarité avec nos amis-es et à visée d’auto-médiation.

 

Les moyens utilisés par la gendarmerie, outre les effectifs évidemment conséquents, étaient tous employés en vue de nuire et de blesser avec une détermination forte, pensée et assumée.

Pour le cortège se dirigeant vers les pylônes THT était déployé un arsenal comprenant des grenades explosives dites assourdissantes ou de désencerclement, des grenades lacrymogènes et des matraques. Les tirs, au lance grenades ou à la main, étaient sciemment dirigés vers les personnes, arrivant au niveau du visage le plus souvent. Rappelons que les grenades sont mortelles lorsqu’elles sont lancées à tir tendu (pratique interdite par la loi), ce qui était le cas et qui devient une norme.

L‘attaque a débuté de façon immédiatement brutale (à environ 200m du camp) avec des blessés-es graves dès la première charge, et n’a pas diminué d’intensité même lors de notre repli vers le camp. Et même lorsque des cordons de sécurité étaient constitués par nous-même autour de nos blessés-es et qu’ils signalaient verbalement aux bleus la situation, les charges et les tirs ont continué exactement avec la même violence.

L‘autre cortège a essuyé des tirs de grenades lacrymogènes, sans sommation, au bout d’à peine quelques centaines de mètres de marche, ce qui a entraîné son repli immédiat.

 

En ce qui concerne les blessés-es :

-une personne a été blessée à l’œil de manière très grave, elle a été transférée d’un hôpital périphérique au CHU de Caen le jour même, sa vision est largement amputée par une hémorragie du vitré et le pronostic est réservé quant à la récupération de son acuité visuelle.

-une personne a subi un traumatisme crânien grave avec atteinte de l’œil suite à un tir tendu de grenade, il a été opéré le soir même. Il souffre d’une triple fracture du massif facial et la rétine de son œil a été touchée par la violence du choc. Sa vision est également extrêmement altérée de manière irréversible à 1/20ème.

Ces deux personnes ont nécessité une évacuation en urgence. Or la préfecture a volontairement saboté l’arrivée des véhicules médicalisés sur le camp. Les consignes étaient données de bloquer le premier véhicule médicalisé à quelques dizaines de mètres du camp. Une journaliste présente sur les lieux a constaté ce blocage par un cordon de gendarmes, ce qui a certainement permis son lever. Le deuxième a carrément été détourné par la gendarmerie, soit disant pour un de leur blessé.

Ces deux victimes ont donc attendu plus d’une heure trente. Peut-on parler d’autre chose que de cynisme et de sadisme ?

-une autre personne a eu une plaie importante au niveau du front (coup de matraque), ayant nécessité des points de suture.

Les blessés-es restant (environ 20) sont consécutifs aux multiples explosions de grenades assourdissantes et de désencerclement. En explosant des impacts métalliques se logent dans les chairs en profondeur, jusqu’à plusieurs centimètres sous la peau, sectionnant potentiellement nerfs et artères.

Ainsi, 15 éclats ont été constatés (jambe os, genou, vagin, sein, bras) chez une blessée. L’un de ses éclats a carrément sectionné un nerf de l’avant bras. Elle a été transférée vers un autre hôpital et a ensuite dû être opérée de son avant-bras (ce qui signifie qu’on ne lui a pas retiré tous les éclats de son corps). Elle garde des séquelles motrices et sensitives des doigts.

Les autres gardent leurs éclats dans leur corps, ce qui n’est pas sans poser problème, à court comme à long terme.

 

A noter, le médecin régulateur du SAMU, avec qui nous étions en lien, était harcelé par le chef de cabinet de la préfecture afin de fournir les identités des blessés-es et leur hôpital de destination. Si lui et d’autres soignants-es s’en sont tenu au secret médical, des employés-es de la polyclinique d’Avranches ont sciemment communiqué avec la gendarmerie préférant être indic plutôt que soignant… Chapeau les collabos !

Des policiers étaient également en faction devant certains hôpitaux du coin. Il a aussi été signalé de véritables barrages policiers (en ligne sur la route avec tenue de combat) arrêtant tous les véhicules et contrôlant les identités. Et ils ont même été jusqu’à surveiller l’entrée du CHU de Caen où deux fourgonnettes et « une ligne » de gardes mobiles attendaient sur la voie d’accès. La répression prime clairement sur l’assistance.

 

Enfin, malgré la solidarité entre nous tous, le sentiment d’effroi laisse, pour certains-es d’entre nous, des marques dans nos psychés qui mettront du temps à cicatriser… Marques façonnant, mais n’effaçant rien de notre désir de révolte.

Notre propos n’est pas « de pleurer sur notre sort » car nous savions dans quoi nous nous impliquions. Nous ne sommes pas dupes, la France est un État policier qui montre son vrai visage quand on s’attaque à ses piliers fondateurs, notamment l’industrie nucléaire. Certes cela n’est pas nouveau, mais mérite d’être rappelé sans cesse. L’état ne supporte pas sa contestation, et avoir du sang sur les mains ne lui fait pas peur. Et ce texte a pour but d’informer, encore et toujours, que la violence étatique n’est pas que symbolique, mais s’incarne aussi dans le corps de nos compagnes et compagnons touchées-s.

Quelques un-e-s du groupe « médical »
mediccaen arobase riseup point net

 

Infos sur la lutte anti-THT :

https://stop-tht.org, https://antitht.noblogs.org et www.percysoustension.fr

Quelques critiques et interrogations sur le déroulement du WE de résistance à la ligne THT Cotentin-Maine.

mercredi, juillet 18th, 2012

Le but de ce texte n’est pas de viser tel groupe responsable du programme du week-end ou tel groupe responsable de la stratégie de l’action du dimanche. Mais plus de mettre en lumière les difficultés organisationnelles et stratégiques qu’ont rencontrées les 500 personnes présentes lors ce cette manifestation qui a eu lieu du 22 au 24 juin 2012, en Basse-Normandie.

 

Annonce de l’action

Tout d’abord, je voudrais partir de l’annonce du week-end, et particulièrement de l’annonce d’une « journée d’actions contre la THT » (sur l’affiche) ou d’une « journée de  »diversions » massives » (sur le programme détaillé du week-end). Sans poser la question suivante : Est-il vraiment nécessaire d’annoncer explicitement sur un quelconque support – jusqu’à préciser le jour – qu’il y aura des actions ? Arrêtons-nous sur le terme « diversions ». Il me semble plutôt évident (dans un contexte de lutte où, par exemple, le mot pique-nique a servi de prétexte à diverses actions) que ce mot a sûrement engendré des répercutions directes sur la façon dont se sont organisés et ont réagi les gardes mobiles, et plus largement le dispositif de répression étatique. Mais comment utiliser ce genre de termes pour ne pas que cela agisse à notre désavantage ?

 

Incompatibilité des discussions avec les actions prévues en fin de week-end

En plus des actions, sur le même mode que le camp de Valognes, étaient proposés deux jours de discussions pour débuter le week-end. L’initiative de Valognes n’a-t-elle pas montré, ainsi que certaines actions autour du Chefresne, qu’il était difficile – voire impossible – de se rendre pleinement disponible, aussi bien mentalement que physiquement, pour les discussions/débats quand une ou des actions sont à préparer ?
Apparemment non. Mais le week-end anti-THT l’a encore confirmé. Une partie des discussions du samedi a été désertée par les divers groupes affinitaires et/ou géographiques, se réunissant afin de s’organiser pour les actions du lendemain. Sans parler du fait d’être préoccupé par cette dernière organisation et donc de ne pas avoir l’esprit à discuter, à prendre la parole ou tout simplement à se concentrer sur ce qui se dit. Les discussions sont tout de même très importantes dans tout mouvement d’opposition, surtout que ce n’est pas tous les jours qu’elles ont lieu.
Surgi alors le dilemme : « j’ai envie de participer aux débats, de m’informer mais je ne veux pas me retrouver en « touriste » au milieu des lacrymos le dimanche, qu’est-ce que je privilégie ? »
En ce sens, les rencontres autour de l’arrêt immédiat du nucléaire, en Saône-et-Loire1, organisées par le CAN 71, permettront de se sentir plus serein, plus disponible, plus attentif, etc., étant dépourvues d’actions (du moins directes).

 

Locaux,  »visiteurs » et connaissance du terrain

Revenons sur l’action du dimanche et son aspect topographique. Lors de l’assemblée générale faisant suite à l’action chaotique du dimanche 24 juin, plusieurs points ont été soulevés. Je reviens ici sur deux d’entre eux : la connaissance du terrain et la confiance. En effet, après la prise de parole d’une personne qui rendait compte de la difficulté à s’approprier une action quand on ne connait pas ou peu le terrain, une autre lui répondit de manière assez virulente (et un peu stupide à mon goût) : (de mémoire) « tu n’as qu’à venir ici pendant un mois pour apprendre à le connaître ! »
Comme si tout le monde habitait à une heure de route du Chefresne (et de Montabot en l’occurrence, lieu du camp) et était disponible pour venir ne serait-ce que chaque fois qu’il y a une assemblée ou une action.
Il ne faut pas oublier la triste réalité qui est, pour la majorité d’entre nous, faite de travail ; ou si ce n’est pas le cas, nous sommes chacun inscrit dans un quotidien qui peut nous contraindre dans la gestion de notre temps, sur une courte comme sur une longue durée.
Sans parler du côté financier corrélé à la distance géographique dans laquelle on se trouve.
C’est donc là que la confiance intervient. Effectivement, elle devrait pouvoir naître entre les personnes connaissant bien le terrain (du Chefresne aux alentours : le château d’eau, le bois de la Bévinière, le tracé des pylônes et ses divers chantiers en cours, etc.) et celles ne venant que rarement aux assemblées, aux actions, ou qui venaient uniquement pour le week-end de résistance. Attention tout de même, faire confiance ne veut pas dire le faire aveuglément (j’y reviens plus loin). C’est un des points les plus critiques concernant l’action du dimanche et particulièrement le choix de ce petit chemin – au nom certes très sympathique – des Hortensias, mais qui a laissé planer le même grand doute (désarroi ?) au dessus de nombreux cerveaux lors des  »préparatifs » pour l’action.

Stratégie et remise au question

On y arrive justement à cette action – qu’on pourrait rebaptiser (avec une touche d’humour noir, j’en conviens) journée de  »répressions » massives.
Il y en a des choses à redire sur la stratégie qui a été proposée pour ce dimanche 24 juin –je rappelle qu’il ne s’agit pas ici d’incriminer qui que ce soit, mais d’analyser ce qui a pu constituer une fragilité dans l’organisation de l’action.
Assez vite il a été annoncé en AG (le vendredi soir je crois) qu’il y aurait deux grands groupes : un qui partirait pour une marche pacifique, dans un style « manif’traditionnelle » et un second qui serait dans l’action dite « directe ».
Le premier (G.1) – hétérogène, constitué de jeunes et moins jeunes, d’enfants (!) – devait partir du camp, sur la route, pour se rendre au Chefresne (au château d’eau – squatté de force par les pions de l’État – ou à la mairie, je ne sais plus…).
Le deuxième (G.2) – composé majoritairement de jeunes (sans oublier les moins jeunes), et sans enfants – devait descendre le fameux petit chemin des Hortensias, exigu, sombre, longé d’arbres et de clôtures, rendant l’accès difficile aux champs de chaque côté, surtout pour un groupe nombreux. L’intention du G.2 était d’aller bloquer un carrefour tout en bas du chemin, sachant que ce dernier longe grossièrement le tracé de la ligne THT avec deux pylônes dans le champ à gauche en descendant et un troisième non loin du carrefour en question. Le mot d’ordre du groupe était : rester compact.
À noter que plusieurs petits groupes (plus mobiles et ayant divers objectifs) ont été constitués, en plus du G.1 et G.2.
Une fois le « scénario » intégré dans les cerveaux ainsi que la connaissance du dispositif de répression – environ 600 gardes mobiles, plus le(s) PSIG (Peloton de Surveillance et d’Intervention de la Gendarmerie), il apparut pour un grand nombre de personnes que l’action prévue pour le G.2 était vouée à l’échec – « on va au casse-pipe ! ». Certain-e-s, dans ce dernier groupe, avait la nette impression de servir d’appât. Il y eut plusieurs réactions face à cela : la fierté, car cela pourrait permettre aux groupes mobiles d’accéder aux pylônes ; le mécontentement, et donc la volonté de changer de groupe (G.1 ou un des petits groupes) ; l’indifférence, car certain-e-s ne s’en rendirent sûrement pas compte.
Avec du recul et après réflexions sur la situation au sein du G.2, plusieurs critiques émergent sur cette stratégie qui fit autorité et fut tentée.
Paradoxalement, malgré le grand nombre de gens ayant critiqué la stratégie, lors (et hors) des réunions du G.2, personne ne l’a remise radicalement en question en AG. Tout cela fait ressortir une sorte de suivisme, une non appropriation de l’action, et une sacralisation des assemblées générales2. Cet aveuglement et ce manque d’objectivité sont-ils les symptômes d’un attachement excessif au spectre de la démocratie directe ?
Un autre point critique, celui de la solidarité « forcée ». En effet, des personnes ont voulu renoncer à l’action du G.2, intégrer un autre groupe ou même rester au camp, la stratégie ne leur convenant pas. Mais des sentiments tels la culpabilité, le désarroi, etc. peuvent conduire à une solidarité non assumée donc forcée, car se sentant obliger de soutenir leur ami-e-s. Cela peut être prévisible et a certainement été vécu ce dimanche 24 juin. Ce sont des aspects qu’il ne faut pas écarter dans les conditions d’une action « risquée », aux conséquences pouvant être graves, au niveau de la répression : de nombreuses personnes blessées, arrêtées, car inquiètes, angoissées et ne se sentaient pas de faire face aux forces de l’ordre, du fait de s’être forcées comme décrit plus haut. Il en va de même, pour une vingtaine de personnes de la Medic Team (groupe médical quoi) qui étaient en capacité d’assumer les premiers secours. Étant les seules à être organisées, dans ce but, pour l’action, la responsabilité que cela implique peut inciter à la solidarité : forcée. Aussi, si vraiment il venait à manquer quelques un-e-s de la Medic Team, car se refusant à être solidaire d’une action qu’ils-elles ne sentent pas, les conséquences pourraient être encore pires.
Le dernier point que j’aborderai dans cette partie 4 est celui de la « flexibilité ». En d’autres termes, comment arriver à ne pas faire que l’action soit téléphonée ? Comment ne pas agir là même où l’on sera le plus attendu par les forces de répression ? Aurions-nous été capable d’effectuer l’action le samedi au lieu du dimanche, malgré son annonce pour le dernier jour ? (J’ai conscience de la difficulté que cela implique, ainsi que les possibles infiltrations, écoutes à distances, etc.)
Je n’ai pas de réponse à apporter, c’est à réfléchir, à discuter et peut-être à envisager par la suite, sur d’autres actions de ce genre.
Notons quand même la trentaine de personnes qui ont pu accéder à un pylône dans la nuit de samedi à dimanche, et ont retourné la bagnole d’un vigile (un feu d’artifice a également été lancé ce même soir, je ne sais pas s’il fut lié aux 30). En gros, on a été tellement figé sur notre dimanche que les gardes mobiles n’ont pas pris la peine d’être présents aux pieds de tous les pylônes la veille au soir.
Une dernière remarque. Il peut s’avérer dangereux d’effectuer des actions près d’un camp où il y a des enfants et un espace qui leur est prévu. Pour quelque raison que ce soit, les forces de répression pourraient être amenées à entrer sur le camp et exposer les enfants aux gazes lacrymogènes ou à des scènes violentes3.

La mode de l’activisme

Ainsi, samedi après midi, alors que quelques personnes étaient en « promenade » sur le chemin des Hortensias et dans les champs environnants, plusieurs camionnettes et voitures de la gendarmerie ont déboulées sur un chemin très proche du camp. Les forces de l’ordre étaient-elles là pour essayer d’intercepter les « promeneurs », craignant que ceux-ci n’aillent s’attaquer aux pylônes, allez savoir !?
Toujours est-il que deux personnes, voyant ce spectacle, s’apprêtèrent à tirer des fusées (type feu d’artifice) sur les gardes mobiles, cela, depuis le camp. Les excités – vêtus d’une sorte de burqa-noire-moulante-deux-pièces de l’activiste branché – n’eurent pas le temps de faire quoi que ce soit avant que plusieurs personnes, près d’eux, ne leur disent d’arrêter. Cela aurait certainement légitimé une intrusion de la part de « l’ennemi », avec toutes les conséquences imaginables.
Les deux zouaves n’ont pas insisté (leur seule répartie fut : « on l’fait pas ? ») et sont partis en se décagoulant tranquillement.
Ce genre de réactions, comme quelques autres durant le week-end, ont fait parfois régner une ambiance assez étrange, comme si – à la vu de certaines personnes – il y avait un besoin de prouver une identité, voire une mode de l’activisme. À quand un rayon « activisme », consacré à l’accoutrement et au matériel (des fringues noires de toutes sortes, en passant par la frontale, le sac, les gants, le masque à gaz, etc.) chez Décathlon ou Au Vieux Campeur ?
Je m’égare un peu dans la moquerie, je sais, mais c’est quand même risible parfois ; mais ça peut vite ne plus l’être dans une situation semblable à celle décrite au début de cette partie 5.

Répression, échec : nécessité de créer un bouc-émissaire ?

Un autre phénomène est apparu pendant et surtout après le week-end. C’est la création d’une espèce de bouc-émissaire.
En effet, c’est l’impression que me donne cet acharnement contre la mouvance dite « appelliste », à qui on reproche le goût des stratégies guerrières et un certain avant-gardisme. Je ne veux pas rentrer dans cet élan plutôt hostile – mêlant des antécédents vécus avec ou proche de cette mouvance, de l’ego, de la jalousie (voire un peu de phobie), et sans doute une part de vérité. Il s’agit en fait de divergences théoriques et pratiques, apparemment difficiles à gérer.
Il se trouve que je n’ai aucun antécédent, ni grief à l’égard de ce courant politique. En outre, ces divergences ne peuvent-elles pas être conciliable, après discussions (sans animosité), pour envisager une réelle organisation commune ? Je ne prétends pas cerner la complexité de cette situation, je fais juste part de mon ressenti m’étant retrouvé plusieurs fois dans une position gênante face à ces reproches.
Ainsi, le fait que l’action du dimanche fut chaotique, qu’il y ait eu une répression violente et impressionnante avec, au final, une vingtaine de blessé-e-s dont trois gravement atteint-e-s, laisse le goût amer de l’échec. S’ajoutant parfois à cela, un sentiment de culpabilité, un choc psychologique, un vif énervement contre les forces de répression, un mécontentement vis à vis de l’organisation de l’action – cette dernière avait préoccupé, je le répète, beaucoup de gens. Tout ça peut être dur à porter. Pourtant, je trouve qu’il est malavisé, abusé, de développer à l’encontre de la mouvance précitée – ou d’une quelconque autre, évidemment –, un phénomène de bouc-émissaire, ou quelque chose dans ce goût là.
Il me paraît plus juste de considérer cet échec comme étant collectif, et non en se détachant des causes et en les attribuant à d’autres.

La suite

Lorsque j’écris ces lignes, l’assemblée du Chefresne se rassemble pour la première fois depuis le week-end de résistance. Je fais partie des personnes ce trouvant dans un des cas décrits partie 3, ce texte compense partiellement mon absence. Je le finirai en pensant que des actions rassemblant un grand nombre de gens ne sont pas toujours compatibles avec la cible choisie. En témoigne la liste d’actions « réussies », recensées par RTE4 et qui étaient principalement des actions clandestines ou en nombre assez restreint, pour celles qui étaient publiques. Qu’elles continuent alors d’exister !
Rendez-vous donc en septembre, en Saône-et-Loire, pour apprendre à se connaître, discuter et débattre de questions pertinentes. Comme par exemple : qu’elle pourrait-être la prochaine cible faisant l’objet d’une action de perturbation massive contre l’industrie nucléaire et son monde ?

Un individu participant à l’initiative de Montabot, le 18 juillet 2012.

Notes :

1. Appel pour des rencontres atour de l’arrêt immédiat du nucléaire, les 8 et 9 septembre 2012, à Culles-les-Roches, en Saône-et-Loire, Bourgogne

2. Le mot « fétichiser » fut employé pour qualifier les assemblées. Il était certes peut-être un peu fort mais relevait, à mon avis, une composante importante de l’échec du dimanche.

3. D’ailleurs, le groupe 1, dans lequel il y avait des enfants , s’est vu être gazé (sans sommation) par les gardes mobiles, au grand étonnement de certain-e-s. N’oublions pas que le mot « diversions » avait été annoncé. Il était donc très facile d’en imaginer une avec le G.1 partant en manif’ pacifique alors qu’un petit groupe à l’intérieur aurait pu s’être organisé, se tenant près à agir plus radicalement à un moment donné. En tout cas, la passion du gazage plus la pression psychologique et physique du week-end, les gardes mobiles n’ont pas dû réfléchir bien longtemps pour tirer leurs saloperies.

4. RTE nous informe… que les actions des anti-THT sont nombreuses et efficaces !

Dimanche 15 juillet, 10h – Assemblée du Chefresne au bois de la Bévinière

lundi, juillet 9th, 2012

Trois semaines après le WE de résistance qui s’est déroulé à Montabot (50), cette assemblée sera d’abord l’occasion de nous retrouver, mais aussi de reparler du week-end de juin, et de l’été que nous pourrions réserver à RTE.

Pour le repas du midi, l’idée est que chacun-e ramène quelque chose à partager.

DIMANCHE 15 JUILLET – 10 h
Bois de la Bévinière – LE CHEFRESNE

L’assemblée du Chefresne

Derrière l’urgence, la bêtise. Retour sur le week-end de résistance du Chefresne.

dimanche, juillet 8th, 2012

Avancer en ayant oublié sa tête c’est revenir en ayant perdu un bras.

Retour sur le week-end de resistance au Chefresne

Español

Laisser place à la fragilité ou tout détruire.

Je me suis fait tirée dessus par un flic.
J’ai 15 impacts de métal dans le corps et ils y resteront ; la jambe, l’os du genoux, le vagin, le sein, le bras. Le nerf de mon bras droit a été sectionné, on a du opérer. Dans un an peut être je retrouverai ses capacités.

J‘écris pour qu' »on » ne puisse pas dire qu »on » ne savait pas. Qui veut savoir sait.
J’écris pour qu’on arrête de nous censurer, frapper, enfermer, tuer derrière une soit disant démocratie et un soit disant état de droit.
J’écris parce que je n’en peux plus qu’on renvoie les violences aux pays lointains et pauvres en se décharge lâchement des questions révolutionnaires qui se posent en tunisie, en lybie, en Egypte, en Syrie … disant qu’en France c’est pas la même, qu’en France c’est différent, et même pire…

Ecrire parce qu’à 20ans j’ai subie, vu et entendu trop de violences policières derrière des vitrines de mensonges et de propagande marchande.
Écrire parce qu’il m’est insupportable de sentir cette boule d’angoisse dans mon ventre quand je croise un flic, et ce brouillard de solitude et d’impuissance face au système policier.
Écrire faute hurler que ça ne peut plus durer, et de prendre acte. Écrire parce que la liberté dans la civilisation occidentale est un mensonges meurtrier.
Écrire parce qu’il y a trop de silences et de mensonges sur la répression, sur nos luttes, sur les dangers du nucléaire, entre autre, sur la violence du système.

Cette fois-ci, ça s’est passé au Chefresne, une commune qui résiste à l’implantation d’une ligne très haute tension de 170 km de long (cette ligne participe à la création d’un gigantesque réseau de circulation d’information mondial, avec non seulement vente d’électricité mais aussi contrôle des populations et automatisation de leurs échanges avec l’administration centrale. Le courant électrique sera produit par des éoliennes en mer du Nord, par des centrales nucléaires comme l’EPR de Flamanville, mais aussi mécaniquement par les trois réacteurs de Tricastin qui sont maintenant libérés de l’alimentation électrique de l’usine Eurodif qui a fermée ; http://antitht.noblogs.org/255).

Mais je porte en moi bien des blessés, bien des morts, bien des non dits, pas qu’en France, pas qu’ailleurs .
Je porte en moi des prisons pleines et je sais les impunités à répétions pour les bourreaux légitimes.
Amin Bentounsi a été assasiné le 21 avril par balle, dans le dos, et suite à ça des policiers manifestent armés, en uniforme, revendiquant le droit de tuer en prevention.
Depuis leur mise en services le flash ball, les grenades assourdissantes et celles de desenclerment ont fait beaucoup de blessés, des oeils perdus, des plaies, des handicaps, des morts; personne n’a gagné devant la justice.

« Dispositif ballistique de dispersion » qui explose à 165db, envoie dix-huit modules en caoutchouc et, dont le bouchon métallique envoie des éclats dans la chair.

Je sais des villes de plus en plus sécuritaires, un arsenal juridique de plus en plus liberticide, le perfectionnement du contrôle de la population en meme temps que celui des frontières.
J’écris parce que j’en ai marre qu’on me demmande si « ça va ». A ceux à qui j’ai dit « oui », la politesse ou l’habitude.
Bref.

Nous nous sommes fait tirés dessus sous des pylones THT qui pullulent dans la campagne, dans un désastre mondial qui menace de péter à tout moment et dans lequel on nous voudraient civilisé, passif. Nous, à force, dépossédés de presque tout; de notre histoire, de son sens, du langage, de l’information, de nos corps, de nos désirs, de notre temps, de nos vies. Alors qu’on nous voudraient inoffensifs, craintifs, non violents, je ne veux pas qu’on me parle comme à « la malade », qu’on m’infantilise, qu’on me plaigne. J’ai besoin qu’on prenne soin des uns des autres, pour durer, j’ai besoin qu’on riposte aussi. J’ai besoin, pour guérir, d’un système sans flics, sans pouvoir.
Oui, tenons compte des dégâts d’un fragment de guerre sociale explicite, de son lot de douleurs et de violence, mais n’abandonne pas, organisons nous. Ce qui ne tue pas rend plus fort parait-il, à condition de ne pas se mentir.

Vous voulez des détails? Les mass-médias sont venus dans ma chambre d’hôpital avant l’opération. Un médecin généraliste, présent sur le camps, avait témoigné des violences policières et de l’utilisation d’armes de guerre (grenades de Dé-encerclement, grenade assourdissantes, gaz lacrymogène, matraque…) laissant de nombreux blessés. Il avait été formidable sur le camp mais là il arrivait géné ; les mouches à merde du pouvoir, autrement dit les journalistes, voulaient filmer les impacts de métal dans les corps pour diffuser le témoignage. Pas d’image, pas de parole, c’était leur chantage. Ils restèrent une heure dans la chambre, tentant de se défendre de la bassesse de leur journaux (voir les revues de presse sur : http://www.percysoustension.fr) et de leur démarche.
En voyant, sans surprise, ce qui en sort, un rectificatif s’impose.

L‘avancée des travaux de la ligne rend plus qu’urgente et nécessaire une résistance concrète et de terminée sur les infrastructures.
« Il est maintenant évident et nécessaire, vu ce que nous imposent les pylônes dressés sur nos terres, que beaucoup de personnes sentent l’envie en eux d’agir directement contre ce maillon faible de l’industrie nucléaire vu l’inacceptable répression des opposants, les droits fondamentaux des personnes bafoués, les humiliations qu’inflige RTE à la population. » (extrait de l’appel tous au chefrenes, wk de resistance; http://www.stop-tht.org/)

Ces lignes participent à la dépossession de nos vies et s’imposent avec la même arrogance et le même fascisme que l’aéroport à Notre Dame des Lande, le tgv entre Lyon et Turin, la centrale à gaz au Finistère, les éco-quartiers dans nos villes gentrifiées ou encore que les prisons à visages humains, belle image de l’hypocrisie du merdier actuel.
Alors d’où vient la violence?

On le sait et on peut s’en indigner après coups, mais il est important de le rappeller : les appels publiques de rencontres ou d’action entrainent inévitablement un énorme déploiement du dispositif policier: Occupation policière et militaire du territoire, contrôle et fouilles de ceux qui y passent, surveillance (hélicoptères, dispositif d’écoute), renforts entrainés au terrain ( dans le cas du Chefresne, la spig, les garde mobile de blain, entrainé sur la lutte de notre dame des landes). Ils étaient plus de 500 armés sous les pressions d’une préfecture traumatisée par Valognes (ou la perte de la maitrise d’un territoire).
Leur volonté semble clair : casser le mouvement, faire mal, physiquement et moralement.

Alors que les mass-media construisent méticuleusement la figure du dangereux radical qui veut en finir (avec on ne sait quoi) et qui vient de loin pour ça ( figure menaçante et complètement dépolitisée), ils passent sous silence les luttes et la répression croissante qu’elles subissent. Un territoire qui résiste est souvent occupé militairement, comme on le voit au Chefresne, à Notre Dame des Landes ou encore au Val de Suse; Sur fond d’expropriation, d’expulsions se déroulent quotidiennement les pressions psychologiques, financières, judiciaires et policières. Derrière la soit disant liberté de penser: l’interdiction d’agir. On nous tanne d’être non violent sous une violence croissante.

Le 24 juin, une manifestation est partie vers le château d’eau, lieu de rencontres et de résistances, expulsé le mercredi 20 juin. Un autre cortège, dont je faisait partie, est allé en direction des pylônes (deux debout et un encore au sol). Il est difficile de dire s’il faut définitivement abandonner toute action de masse annoncée, si c’était un casse pipe d’aller à ce qui ne serait qu’affrontement anticipé par des flics mieux équipés, de se dire que la peur l’envie d’annuler était presente la veille et le matin et qu’elle était peut être sagesse. Il semble important de questionner nos mode de prise de descision dans des moments d’urgence et de « spectacle » comme celui-ci. « La marche pour l’honneur » mentionné dans un retour (lien ci dessus) laisse un triste arrière gout de ces armées de déja-vaincus avançant vers leur perte. Etre transversales, imprévisibles, inattendus pour ne pas devoir devenir force militaire… Un ami me dit après coup  » cette fois encore on est pas passé loin de la mort, un d’entre nous aurait pu y rester ».
Dans la campagne grise de gaz nous n’avions pas le rapport de force ou l’intelligence nécessaire pour ne pas se faire repousser assez rapidement et violemment vers le camp. On entendait des détonations, des cris et sur la dernière charge les regards que je croisais étaient effrayés ou souffrants. Les lignes de flics, en entendant « il y a des blessés, du calme » se sont mis a charger en gueulant et tirant. Après avoir eu l’impression de bruler, j’ai eu celle de perde mon bras, puis la peur qu’ils nous tirent dans le dos ou qu’ils arrêtent. Quelqu’un m’a saisit et m’a sortie de là.
A ceux qui disent que la guerre est finie, je leur dis qu’elle est latente, cachée, mais qu’on peut compter nos morts, pour ne pas les oublier. Un opposant est passé il y a quelque années sous un train castor qu’il a voulu bloquer en s’enchainant sur la voie. D’autres y ont laissé leur tendons, brulé par la disque use des flics qui voulaient les enlever, d’autres … la liste est incomplète. Combien de morts par le nucléaire, de Hiroshima à Fukushima en passant par ceux qu’on cache chez nous, combien de tonnes de déchets qui s’entassent, combien d’irradiés, et combien de faux débats démocratiques ?

Là, c’était une tente médic pleine de blessés. Tristement mais efficacement les gestes et les réflexes se mettent en place : soigner dans l’urgence, maitriser sa douleur et accompagner celle des autres, évacuer malgré les barrages de polices, éviter celui qui bloquaient l’accès à l’hopital de St Lô, attendre désespérément les pompiers bloqués, subir la réquisition d’un de leurs véhicules pour évacuer un policier égratigné au détriment d’une fille risquant de perdre la vue …

En arrivant à l’hopital, je raconte tous ça en montrant mon corps mutilé. On s’indigne, on s’énerve, on déplore dans le service hospitalier pas familier des violences policière de la France de 2012. Certains auraient voulu aller à la manifestation mais travaillaient, certains m’ont dit en levant le poing de continuer la lutte, d’autres n’en revenait pas, quelqu’un m’a dit « nous avons fait la guerre en Normandie, on sait ce que c’est ». J’ai au téléphone un responsable de l’accessibilité des soins de l’hôpital de st Lo ( par rapport au barrage, deux fourgons et une lignes de garde mobile sur la route-sur la voie d’accès au CHU). Je répète, je dis que les pompiers n’arrivent pas à accéder au camp, il me répond qu’il fait ce qu’il peut. Il ajoute surtout qu’il reçoit, depuis le matin, des pressions de la préfecture pour avoir le nom et la nature des lésions des blessés du Chefresne. Il m’assure que le secret médical ne permet aucune fuite. Je lui dit de tenir face aux pressions et je le remercie pour cela.

Je serai transférée et opérée. Je vous passe les moments où, dans cette chambre, j’ai eu l’impression d’être en taule ou que j’ai craint l’arrivée des flics, les moments où l’étonnement des gens me donnait envie de leur dire mais ouvre les yeux et informe toi, l’inquiétude pour ceux resté au camps, l’envie de parler avec tous ceux qui ont vécu ce moment, l’envie de dire que je n’en veux qu’aux flics, l’envie de casser la télé ou d’occuper le plateau au moment des infos régionales…

Je sais juste qu’un moment me hante; cette heure entière où, mon bras anesthésié dans la salle d’attente du bloc opératoire, je n’ai pu m’empêcher et m’arrêter de pleurer. Pas que mon bras, pas que ces éclats, pas que le stress, mais la détresse de se savoir partie prenante d’une guerre pacifiée et dont les raisons comme les conséquences ne resteront connus que d’un petit nombre de camarades, noyées dans une indifférence générale.

J‘ai une grosse question dans la gorge, que faire maintenant par rapport à cette violence policière. Je sais que je n’ai rien à attendre de cette justice de classe sinon une tribune ou une médiatisation du problème. Et encore. Je la sais quotidienne cette violence. Je nous sais nombreux enragés. Je nous sais un peu seuls et démunis aussi.
Déjà j’en profite pour affirmer que ce n’est pas être violent que d’aller avec casque masque à gaz et protection en manifestation, c’est la condition de notre survie physique.
Ensuite qu’il nous faudra être plus intelligents que la police, que leur juges, que leur infiltrés, que leur système de contrôle.
Et pour finir que j’aimerai bien qu’on ne laisse pas faire parce que l’on sait, car « qui ça étonne encore », les violences policières sont entrées dans la réalité et la banalité du politique.
Amal Bentounsi appelait à un mouvement national contre le permis de tuer pour la police, j’appelle à une insurrection internationale contre la police, ce qu’elle nous inflige, contre ce qu’elle défend, contre ceux à qui elle sert.
C’est facile d’écrire mais on ne sait jamais que ça soit lu.

A bientôt

RTE occupe nos campagnes…

vendredi, juillet 6th, 2012

…occupons RTE !

Communiqué des occupants d’une maison appartenant à RTE (Réseau et Transport d’Electricité)

Notre procès, prévu pour le lundi 2 juillet (cf appel à rassemblement ci-dessous), a été reporté au lundi 9 juillet 2012 à 9 heures.

Ça y est, nous y sommes. Une riche entreprise nous attaque en justice pour nous expulser d’une maison qui était vide depuis des années. On nous attaque pour que cette maison redevienne vide. On nous attaque parce qu’il ne faudrait pas que notre pratique se répande. On nous attaque parce que nous squattons.

Nous avons choisi de squatter pour ne plus subir, pour ne plus nous contenter des miettes que l’État, ses services sociaux et ses associations acceptent de nous céder en échange de notre docilité. Nous avons choisi de squatter pour pouvoir vivre et expérimenter ensemble nos pratiques et modes de vie dans un espace qui ne soit pas soumis aux normes et contraintes imposées par le système totalitaire marchand. Il s’agit d’un acte politique totalement indépendant des partis, syndicats, mouvements et autres chapelles qui voudraient nous récupérer.

RTE, notre propriétaire, expulse actuellement à grands coups de gendarmerie et de « développement durable » les personnes qui s’opposent à la ligne THT (Très Haute Tension) « Cotentin Maine », projet nuisible et mégalomaniaque qui détruira des hectares de campagne et de forêt pour acheminer demain le nucléaire qui nous tuera après-demain.

Nous sommes donc totalement solidaires des personnes qui luttent et lutteront contre ces projets et nous pensons que c’est de nos luttes que viendra le changement.

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Communiqué d’appel au rassemblement pour le 2 juillet :

Rassemblement de soutien.
aux squatteurs de RTE à la Rochelle
lundi 2 juillet à 8 heures 45
devant le Tribunal d’Instance de la Rochelle.

Nous squattons, depuis maintenant plus d’un mois, une maison laissée vide pendant près de 4 ans par RTE (Réseau et Transport d’Electricité), filiale d’EDF qui s’emploie au quotidien à détruire nos campagnes et expulser familles et paysans pour construire les lignes à Très Haute Tension qui achemineront bientôt le nucléaire du nouveau réacteur EPR de Flamanville. Nous avons choisi de squatter pour pouvoir vivre et expérimenter ensemble nos pratiques et modes de vie dans un espace qui ne soit pas soumis aux contraintes et normes imposées par le système totalitaire marchand.

En réinvestissant cette maison inoccupée, nous lui redonnons vie, et nous redonnons vie à tout le quartier.

En occupant des maisons vides, en s’opposant à la construction de lignes à Très Haute Tension, en écrivant notre propre journal, en décidant de ne pas laisser des services sociaux ou des associations gérer nos vies, nous contribuons au processus de destruction de ce monde morbide en faisant émerger de ses décombres un horizon plus chaud, plus attrayant.

En cultivant notre potager, en échangeant des légumes contre un peu d’eau ou de sel, en organisant des projections avec nos amis, en discutant avec nos voisins dans la rue, nous construisons d’autres rapports humains.

Partout dans le monde, des squats citadins s’ouvrent et des luttes rurales naissent et perdurent malgré la répression et la désinformation imposées par le Pouvoir. Ces luttes, ces squats, ces lieux et moments d’autonomie doivent se connecter les uns aux autres pour constituer une réelle force de résistance globale à cette société capitaliste qui s’impose à chaque individu par le spectacle et le pouvoir policier ; une force de résistance qui peut nous permettre d’enrayer les attaques du système contre nos vies telles que le nucléaire, les aéroports, les lignes à très hautes tensions, les autoroutes et autres lignes à grande vitesse, les agressions policières, et bien-sûr le salariat qui enchaîne les êtres humains à une fonction sociale productiviste qui leur bouffe leur temps, leur santé et leur vie.

C’est pourquoi nous invitons à un :

Rassemblement de soutien lors de notre procès, le lundi 2 juillet à 8 heures 45,
devant le Tribunal d’Instance de la Rochelle, 67 rue de Jéricho.

Contre RTE et son monde, pour le logement gratuit, occupons les maisons vides, réapproprions-nous l’espace public, investissons les terres menacées par RTE, Vinci et leurs amis.

Des squatteurs de la Rochelle